Avec Mazes puis plus encore avec Circles, suivis d’un Live at Ravenna qui marquait l’intronisation du batteur John Jeffrey, présent sur ce nouvel effort, la paire Ripley Johnson/Sanae Yamada aka Moon Duo avait largement fait ses preuves, nous abreuvant d’un psychédélisme répétitif entièrement « possédant ».
A l’heure de Shadow of the sun, la performance est réitérée, seul le processus de conception (lors d’une période posée, hors de toute agitation liée à la fréquence des lives et voyages) et d’enregistrement (dans un sous-sol obscur de Portland) a changé. On reprendra donc avec délices notre dose de psyché poppy, léger (In a cloud, dont l’intitulé résume tout) ou plus charnu, après qu’un début en fanfare nous ait grandement émoustillés, avec Wilding qui fuzz sévère et nous catapulte déjà très haut, voix doucereuse et élans soniques à l’appui, suivi de Night beat, psyché-kraut des plus accomplis. De la répétition de ses sons, Moon Duo fait une arme redoutable, il trace dans l’espace pour l’instant d’après se faire plus terrestre et explosif, ses mélodies sont impeccables. Free the skull illustre la démarche, à la fois rugueux et chatoyant, doté d’envolées guitaristiques renversantes. Ceci avant que les motifs de claviers de Zero ne nous embarquent dans une nouvelle sarabande positivement psychotrope.
Passé le In a cloud décrit plus haut, Thieves installe ses stridences d’orgue, couplées à ces guitares géniales et des chants vaporeux; tout ce qui fait la spécificité de Moon Duo est là, brillant, déviant, attirant à s’y oublier…
Slow down low obsède tout autant, ses synthés élaborent de belles ritournelles, les grattes les imitent et on fond devant la sensibilité pop qui émane de l’ensemble. Vient ensuite un Ice au format plus long, souterrain et traversé de traits de lumière amenés par l’instrumentation, parfaitement assise au mitan du « noir » et du « lumineux ». Animal, urgent, balafré par des riffs costauds, mettant un terme de façon magistrale à un rendu qui ne l’est pas moins.