Puce Moment, soit les deux-tiers des excellents et indispensables Cercueil (Pénélope Michel+Nico Devos) « from Lille », a sorti ce disque en 2013 et pourtant, bien que « noyé » au milieu des innombrables productions, pluridisciplinaires, du duo, méritait largement quelques mots, nuptial et envoûtant qu’il est.
En effet, l’electro sombre ici pratiquée, obscurcie par le chant vaporeux de Pénélope, drape l’auditeur, forcément initié et pas trop conventionnel, dans une chape au pouls electroïde dont on ne se défait pas, le gagnant même dans ses instants les plus répétitifs (Legacy), desquels émerge un climat inquiétant dont, de façon presque masochiste, on redemande. L’entrée en matière est excellente, avec Fenstergang et ses airs de BO de film dramatique, ses encarts rock, ses battements trip-hop et, au delà de ça, une atmosphère cold. Suit (drive), plus virevoltant mais toujours dans cette noirceur délectable. Les motifs sonores font la différence, l’aisance de la paire à livrer des ambiances typées tout autant.
Si l’interlude Swinging Renaldo réinjecte un peu de « clarté » dans le registre de Puce Moment, on retombe dans la pénombre le temps d’un Moonoom cependant lui aussi plus « lumineux », doté à l’instar des autres morceaux d’un cachet affirmé. Idéal pour une écoute de nuit, ou pour « fuir mentalement », l’opus use sur ce titre comme ailleurs de sonorités qui elles aussi permettent l’évasion. Rêve doux et tourmenté à la fois, il se démarque clairement de la palanquée de productions ennuyeuses audibles en nos terres, tout en collant parfaitement à l’esprit Tsunami (remember La Chatte et son zouk dégénéré, entre autres…). Le bien nommé L’ombre répète à l’envi le même climat tempétueux, puis un lancinant Slw dwn invente le trip-hop dark, céleste et très haut perché. Dominé par les machines et le chant pour le moins singulier de Pénélope, voilà un ouvrage sans équivalent, expérimental mais accessible si on se donne la peine de s’en imprégner. Les trois minutes lestes de Video dada, puis les presque neuf de -R- en attesteront, dans un format expérimental qui évoque My Bloody Valentine pour le second nommé, et confirmeront l’excellence du rendu, au moins aussi intéressant que les oeuvres de Cercueil lui-même.