Annoncé comme folk ou « post-folk », influencé par les « ex » et la peur de l’existence, Dolorous de Gil Hockman (singer/sonwriter de Johannesburg, Afrique du Sud) a au départ tout pour faire fuir et laisser supposer l’ennui.
A l’écoute, le bonhomme, qui gère ici presque tout, lève la crainte et s’écarte volontiers de ses trames folk (un I’m only here animé, excellent), jamais gratuitement « pleurnicheuses », chaleureuses dans le désabusement qu’elles exhalent (Newish et ses motifs décisifs). Un rythme discret mais marqué (Night bird) souligne une bien belle acoustique, on est, enfin, heureux de pouvoir entendre un album prétendument folk qui ne fait pas que lasser. Habile dans ses arrangements, minimaux, Hockman met de la vie dans son allégorie, fait preuve d’une sincérité évidente et fait facilement passer ses quelques essais « purement folk » tel Hungry et son jeu de guitare à nouveau beau et dépouillé.
Des éléments electro eux aussi bien pensés illustrent Seasons, les voix sont chatoyantes, les mélodies scintillent et il y dans l’album une vigueur qui fait la différence, un refus de s’en tenir à la plainte qui élargit de façon appréciable l’étendue de ce Dolorous attachant au possible. On peut ensuite renouer avec une folk plus « stricte » sur Fatherland, ça passe sans efforts et jamais le contenu ne coince. On est même en territoire pop-folk de choix avec le splendide On my own; musicalement, l’effort est pur, accompli, authentique aussi. White use d’un tempo electro lié à ce chant dont on s’éprend, leur seule et simple union, couplée à des sons fins, suffit à élever la chanson vers les sommets. On pense à The Notwist pour l’alliage des « composants », pour l’économie de moyens et on fait là une belle découverte, qui plus est dépaysante. Pass the ball et ses sons encore une fois ingénieux prend le relais en installant une electro-pop savoureuse , puis Far away descend d’un cran dans l’intensité et pose le jeu pour mettre en avant l’élégance du propos, apportant une jolie touche finale à un Dolorous qui, contrairement à son titre, fait du bien là il passe et laisse place, passé ce Far away à l’ornement merveilleux, à une sérénité salvatrice.