Après que les formatés Skip the Use aient investi le Cirque (où bien entendu je ne me trouvais pas, occupé à écouter le Eno/Byrne merveilleux de 1981) d’Amiens, c’est au tour d’autres lillois bien plus authentiques d’être ici chroniqués. Les Denyals, puisqu’il s’agit d’eux, livrant un album qui transpire, lui, le rock punky d’antan et jouant en trio dix titres convaincants, volontairement dépolis et dotés d’une belle énergie ainsi que, ça et là, de mélodies décisives.
Un disque qui démarre pied au plancher, en riffant sec et sous le joug de cette vigueur punk récurrente (The same old song puis Tacoma Bridge). Leur côté direct se pare d’essais plus mesurés et tout aussi venimeux (Fell like a breakdown).
Plus loin, An afternoon in hell, mené par une basse ronde, se fait à la fois frontal et groovy avant que Hole or nothing ne baisse la cadence sans perdre en impact. Voix à l’arrache et parfaitement dans le ton de l’ensemble et de ses origines, instrumentation sans excès et bien exécutée, titres au dessus de la moyenne, les Denyals ont des atouts certains. La seconde moitié de l’album ne le démentira pas, un plus saccadé Johnny got his gun l’inaugurant brillamment, suivi en cela par Pretty things qui met en avant des mélopées destroy du plus bel effet. Si on crée rien, on met adroitement à l’honneur un rock burné et sans concessions, le répertoire est maîtrisé et de valeur. On pense autant à la vague initiée en 77, bien sûr, qu’aux productions grunge des 90’s, le rendu s’écoute d’une traite, n’est jamais bêtement direct et prend fin avec un Party’s over plus leste que le reste, conclusion assortie de plans bleusy torturés bien vus. Pour un résultat dont on parlera peu, eu égard à la trop grande discrétion du groupe, mais qui vaut son pesant d’écoutes.