Attention, chronique « rétro » mais pas de trop!
Second EP de Trouble Fait’, devenu, depuis, valeur sûre de la mouvance cold-wave d’ici (par le biais notamment de l’excellent Comet candem paru en 2010), Sub Lumina Prima voit le groupe Touquettois (ne croyez pas qu’on ne trouve, dans cette ville, que sérénité et conformisme, ce disque vous le montrera) se chercher, tenter de façon bancale de parfaire son identité.
On n’est certes qu’en 2003, mais le groupe pratique depuis longtemps, « handicapé » toutefois par des changements récurrents de line-up. Trois premiers morceaux réellement excellents masquent ce creux: un massif et mélodico-cold Sister of darkness, bourru et mâtiné d’une jolie new-wave, dans un premier temps. Belle introduction, suivie d’Ausbruch qui s’appuie sur la langue allemande, preuve du non-positionnement du groupe, et convainc tout autant en évoquant les Sisters of Mercy. Trouble Fait’ pétarade, fait ses preuves et signe des chansons irréprochables, largement confirmées dans leur valeur par The relief man qui dégage une énergie punk libératrice et riffe sévèrement.
Tout ça est très bon, puis la seconde moitié de l’EP présente trois plages plus dispersées, entre le chant espagnol de Los ojos de la noche, bon certes mais décalé du registre habituel, et les deux morceaux terminaux. Jicé Letter et consorts sonnant ici un peu forcé, tout ne se voulant délibérément larges. On prend ou pas, toujours est-il que qualité il y a, et Tenebrarum angeli exhale ensuite des atours mystiques/tribaux qui eux aussi élargissent la portée du disque tout en l’éclatant quelque peu.
A double tranchant donc, la méthode laisse tout de même à l’arrivée un rendu entièrement acceptable, que Tazenat conclut dans une belle subtilité elle aussi tribale, dépaysante, suivant une instrumentation simultanément belle et obscure. A l’issue, donc, d’un opus certes dispersé, mais constamment attrayant, beau jalon de la quête d’identité d’un groupe plutôt doué.