Ancien Ludwig von 88, DJ en sound-systems et créateur de Titi et Nobru en duo fusion rap/rock avec son ex-compagne, choriste des Bérus, Bruno Garcia alias Sergent Garcia est depuis passé à un registre plus ensoleillé, marqué par l’Espagne, les Caraïbes et l’Amérique du Sud. A forte consonance hispanisante donc, son « salsamuffin » allie hip-hop, reggae et ragga, salsa et cumbia, enthousiasme les foules (j’en veux pour preuve sa prestation à la Boule Bleue 2013, festival samarien dédié aux musiques cuivrées), et s’est décliné sous cette appellation sur une tripotée d’albums entraînants, même pour le rocker endurci.
J’en suis et si la réception de cette Anthologie m’a d’abord laissé de marbre ou presque, son écoute m’a révélé une belle vingtaine de morceaux colorés, cuivrés et musicaux, des plus probants. La mixture est ajustée, les divers éléments bien incorporés, l’usage de la langue espagnole un bel atout et les refrains fatals. Dépaysement permanent, rythmes irrésistibles et musicalité constante, le bougre a des arguments, un vécu de nature à générer la réussite et les cd de ce recueil en font la démonstration. On n’y trouvera donc rien qui fasse tache, on se remémorera même par instants les plus belles heures de la Mano Negra version latino, en moins « dur » peut-être, l’Anthologie ici décrite pouvant s’apparenter à un équivalent du superbe dvd « Out of time » de l’ex-clique menée par Manu Chao. Et de titres endiablés, dominants sur Mascaras, le premier volume, en plages posées (Tantas cosas), on bougera au son des compos fusionnantes du bonhomme.
Sur Cumbia muffin/Okokan, second volet non moins bigarré, on se réjouira de trouver, par infimes bribes certes mais bien présentes, des influences rock et, comme à l’habitude, un registre hautement musical exécuté avec entrain, exotisme et subtilité. Une collection de nature à rassembler les castes, authentique -on sait notre Sergent éloigné de toute considération racoleuse ou mercantile-, déjà probante sur ces deux rondelles.
Et qui, sur le dvd (Live à Bordeaux en 2006, au Krakatoa, ainsi qu’un documentaire et des clips et vidéos) complétant un bel objet dispo sur le site de l’artiste, permet d’en retracer le brio scénique et l’historique, forcément fourni. Le tout chargé en séquences marquantes, issus du live -joué en tout endroit et en toutes circonstances, plaisir et partage primant au détriment de toute forme de frime- comme du parcours d’un Sergent n’ayant nullement usurpé ses galons.