Belge, Cecilia::eyes fait dans le post-rock zébré de fulgurances shoegaze et noisy, entre quiétude et bourrasques, avec un certain savoir-faire et ce depuis quatre disques déjà. Conforté dans une démarche certes maîtrisée mais un peu trop immuable, il sort aujourd’hui ce nouvel album, Disappearance, dont on appréciera très vite les climats orageux (Swallow the key, entre autres), et qui enfante un post-rock dénué de l’ennui que le genre peut parfois engendrer. On regrettera l’absence de chant -je persiste à penser que dans la mouvance qui est la sienne, le groupe en tirerait profit- et le recours systématique aux longs formats -ceci peut inciter à décrocher d’un contenu qui vaut largement l’écoute, LES écoutes même-, mais il n’empêche qu’ici, Cecilia::eyes fait preuve d’une sacrée dextérité dans l’élaboration de trames dérangées. Dès Bellflowers, on sent poindre le tourment, et celui-ci hante Lord howe rise, superbe titre suivant. A la fois beaux et perturbés, les paysages sonores du groupe captivent, telle une nature dont les éléments soudain se déchaînent.
On pense à Goodspeed you! Black emperor ou encore Slowdive et My Bloody Valentine pour les souillures soniques qui décorent le disque et en troublent les canevas. La répétition des motifs s’avère ajustée, elle n’égare pas l’auditeur malgré les durées étendues: au contraire, elle peut générer une forme de dépendance, et se pare d’humeurs changeantes et sauvages largement estimables sans se départir de leur beauté. C’est le cas par exemple sur Default descent, puis sur un Isolated shower au rythme marqué. On pense aussi à Mogwai pour les plages noisy, les guitares massives et la succession bien amenée d’éléments différents dans leur vêture, et on terminera l’écoute sur le vivace Reign, à la cadence alerte.
Avec, à l’issue, l’impression d’un travail accompli, prenant et ajusté. Peut-être même le meilleur, et le plus insoumis soniquement, des bruxellois.