Dans l’évolution permanente et réfléchie, Coming Soon, après s’être essayé, suite à deux premiers albums brillants, à la BO de théâtre avec un Dark spring post-rock/electronica, amorce un nouveau virage avec ce Tiger meets lion porteur d’une pop dopée à l’électronique. Associés à Scott Colburn (Animal Collective, Arcade Fire), Howard Hughes et ses complices définissent un territoire nouveau, foisonnant. Lequel peut dans un premier temps déstabiliser, voire déconcerter, avant de livrer toute sa sève, écoutes passionnées aidant.
En effet, les dix morceaux présentés, auxquels s’adjoint un bonus, fourmillent de détails décisifs, l’éponyme Tiger meets lion et son groove venu d’ailleurs, subtil, illustrant d’emblée la démarche du groupe. On ne dénature rien -la pop « classe » des fondateurs de Kidderminster reste intacte-, mais on étaye et défriche avec soin. L’équilibre entre organique et synthétique est aisément atteint, une certaine « coolitude » (The night Stéphanie died) côtoie la vigueur d’autres compositions, on est le temps de LWL dans une forme d’electro-pop vive et enjouée. L’apport synthétique est simple mais décisif et l’album consiste réellement en un tout pertinent. Peut-être manque t-il ce surplus d’énergie rock, mais si elle n’est que parcimonieuse, elle est largement compensée par la beauté (Radio broke avec Cassie Berman, bassiste de Silver Jews) du contenu, le côté alerte des chansons, et anime certains passages avec à propos.
Plus loin, on poursuit selon le même procédé, des instants plus nerveux (Terrella) bariolent le tableau, élégance et déviance sonore se marient…pour le meilleur. Santa Monica et son intro au saxo, après un Lookaway irrésistible, impose son bel ornement, un groove certain, une acidité qui le sous-tend, aussi. Tout cela est beau et bien fait, l’allant de Vermillion sands (extended) et l’effet des chants à plusieurs est saisissant. Enfin, une balade lascive mais elle aussi déviante de par son décor sonore semble mettre fin à l’album, mais précède en fait un bonus de taille: LWLII. Ecouté au casque notamment, ce Tiger meets lion presque exotique par moments est une réussite et, outre ses vertus musicales, permet de plus à Coming Soon d’évoluer de façon incessante, de se remettre en question. Pour, au bout du compte, un rendu de haute volée, dominé par une liberté stylistique nourrie par les divers projets annexes des membres du groupe.