Duo turc féminin, Kim Ki O est abrité par le label Lentonia Records, à dominante electro et dédié justement aux créations féminines. C’est donc sur cete structure qu’est sorti Grounds, aux huit titres doux d’obédience new-wave voire cold, où le synthé d’Ekin Sanaç et la basse de Berna Göl font bon ménage, les deux intervenant au chant. On s’en entiche sans délai, le semi-instrumental Dogs et ses voix samplées très « ciné » faisant sensation à l’instar des titres qui suivront, simplement étayés mais jonchés de bonnes idées sonores.
Ainsi, l’intro prenante d’Insan insan, les volutes de claviers de William Chisholm et la froideur sucrée du tout, de même que les quelques cadences percutantes (Biz senle esit degiliz) feront de ce Grounds un disque auquel on reviendra. Et dont la qualité ne se désagrégera point, Bugün yok ki inaugurant sa seconde moitié dans ce climat faussement chatoyant savamment construit qui fait le charme des deux stanbouliotes. C’est en effet l’un des attraits de Kim Ki O, sa capacité à envoûter sans en rajouter, par ce mix entre cold et new-wave, et Yanlis yönde, farkli türde, plus massif, lui permet d’enfoncer le clou d’un univers original.
Enfin, Siddet, kin ve yük, animé par des pulsatons electro, et les magnifiques chants croisés de Yer teorisi, inciteront l’auditeur à rejouer cet album singulier, conçu qui plus est par deux dames engagées dans la révolution turque, dont l’esprit de révolte est ici traduit avec brio.