Après une édition 2012 sympathique, le Festiv’art amienois nous faisait la surprise, entre autres venues beaucoup trop consensuelles en dépit d’une image « contestatrice » (Giedré, ennuyeux) ou placée sous le signe de la bonne humeur prétendument fédératrice mais tellement convenue qu’on s’ennuie tout autant devant la sagesse par trop évidente du spectacle (Féloche), d’inviter Shannon Wright, seule artiste réellement « wild » et brute de décoffrage, à l’émotion vraie et exprimée avec, excusez du peu, une seule et unique formule voix+guitare ou piano. Superbe éclair, avec l’hilarant et bien joué MIAM (Mouvement d’Improvisation Amienois) en ouverture, d’un festival dont la trop grande prudence a donc accouché de prestations trop vite plébiscitées par des fans de toute façon acquis, avides d’humour convenu.
Mais l’humour, et encore moins la bonne humeur, ne génèrent de surprises, de chemins de traverse stylistique et d’authenticité. Il ne sert qu’à rallier à sa cause sans effort et l’écart fut grand entre la poignante Shannon, devant laquelle les « supporters » de Giedré et Féloche restèrent de marbre ou applaudirent poliment, et ces derniers. Car différence il y a , bien évidemment, entre un fleuron du label Vicious Circle, connu pour son catalogue insoumis (Chokebore, Mars Red Sky, Elyas Khan de Nervous Cabaret, Olivier Depardon, ex Virago, ou encore Elysian Fields, pour faire court), et des artistes certes dotés d’une approche visible, mais bien trop normée, au final polie et sans aspérités.
Pourtant, chacun a pu y trouver son compte, j’en veux pour preuve les ovations réservées à Féloche et Giedré, malgré tout touchante dans son univers infantile, mais qui n’égaleront à aucun moment, en vérité et en émotion palpable, délivrée sans fard ni artifice, l’impact musical de la génitrice du flamboyant In film sound, forte de neuf albums bruts, splendides, d’une collaboration tout aussi décalée avec Yann Tiersen et de quinze années de tourment superbement « musicalisé ».
Légèrement décevant donc, ce Festiv’art 2013 aura donc…satisfait tout son onde, isolément et moins collectivement, entre amateurs de registres prévisibles et adeptes, plus rares, d’un comportement bien plus « indé » dans l’esprit et le jeu.
Photos William Dumont.