Il va de soi que l’affiche promettait et le trio belge s’est acquitté de sa tache en proposant un enchainement de morceaux sauvages et rythmés, bardés de sons ingénieux issus des claviers et pouvant s’apparenter à une cold-wave à l’esprit punk et un tantinet indus.
Le mélange, galopant et bien ajusté, parfois moins direct -idée judicieuse- fait son effet et le niveau respectable des titres joués fait honneur au Prince Harry, fougueux et qui s’appuie sur un son compact (trop?) pour convaincre un public déjà, malgré une relative distance avec le groupe, conquis par l’énergie et les bonnes idées des Belges, combinées à cette vigueur quasi-immuable.
Le ton est donné, l’assistance mise sur les bons rails et plus massivement attroupée quand se pointe le tant attendu quatuor d’Atlanta.
Commence alors la grand-messe intelligemment destroy du « flower-punk » pratiqué par les Lèvres Noires et il faut bien le dire: énormes, leurs morceaux font mouche et font plus que séduire. C’est aussi mélodique que débraillé, aussi foutraque qu’ordonné et les attitudes potaches des Américains se parent d’une belle dose d’intelligence et de dispositions à la création.
Sobres (nul besoin d’en rajouter, leur répertoire se suffit à lui-même), les coqueluches d’un public étonnamment féminin s’agissant de ce soir assurent un set aux airs de « punk élégant », enchanteur de par ses mélodies et encanaillé de par ses écarts colériques et ses penchants au partage. On retrouvera d’ailleurs une partie du public sur scène et les Modern art et autres Family tree emporteront facilement l’adhésion, de même que la splendeur pop d’un Spidey’s curse (tiens, j’ai comme par hasard cité le trio introductif d’Arabian rainbow), Black Lips faisant en plus le -bon- choix de puiser sans ses différents albums en jouant, apparemment, des compos nouvelles.
S’ensuit un concert parfait, fédérateur, convivial et qualitatif, beau aussi dans ses élans pop, maitrisé de bout en bout. Une pépite de hippie-punk ingénieux, doté de choeurs enivrants qui font de ce combo un immanquable de notre époque…qui se réfère également à d’autres ères tout en parfaisant un style qu’il maitrise sans conteste possible.
Magnifique épilogue, donc, pour l’année d’un 106 dont la troisième année d’activité entérine de façon claire et définitive la qualité humaine, musicale et structurelle.