Avant cela et cette démonstration de maitrise, de géniale excentricité et d’authenticité, revenons sur un bel espoir amienois: Sobo et sa cold-wave imaginative, hors des sentiers battus et aux chemins de traverse, donc, constamment intéressants. De plus en plus affirmé, le quintet samarien trouve sans avoir à en rougir sa place sur une affiche relevée, et présente un registre de fort belle tenue, surement le plus original entendu ce soir, en tout cas le moins prévisible dans le genre. Entre tempo haché et cadence débridée, plages cold et incursions post-punk et new-wave, le tout savamment ajusté, titres forts (les Space Time et Tommy Tommy sont assez irrésistibles, plus encore combinées aux nouvelles compositions de Pierre Slick et consorts) et implication totale dans l’univers ainsi défini, voilà un groupe avec lequel il va falloir compter, d’autant que se profile pour début 2013 un premier album à ne pas rater.
Skip the use
Place ensuite à Skip the use et à une bourrasque scénique…opportuniste vu la largeur du carnet de route et les clins d’oeil adressés à…Shakaponk bien sur mais aussi, tout aussi prévisible, Blur (reprise de Song 2) et AC/DC sous la forme d’un plagiat vocal. On sent que les lillois surfent sur une vague, celle des goûts de la jeunesse pour le gros son et des tendances les plus prisées, mais il y met la conviction nécessaire, assure un ensemble cohérent et percutant, que le mouvement perpétuel de Mat Bastard renforce indéniablement. On se demande tout de même si Skip the use ne gagnerait pas à assurer et pérenniser une attitude moins influencée, qui devrait moins aux genres dans lesquels il puise son inspiration. Il n’empêche, le résultat fait chavirer le Zénith, la jeunesse hurle son bonheur et se prête aux jeux scéniques des nordistes et c’est finalement là l’essentiel; rien qu’à ce constat, le groupe vise juste et rafle la mise.
On s’en remet à autour de moi avec difficultés, j’ai à peine le temps de trier mes clichés (un régal pour l’appareil, ce concert…), que débarque Dionysos, déjà fort de deux dates mémorables dans notre ville et qui, acéré et délibérément rock, va déployer une mainmise et une folie qui touchent au génie, dans les traces bien sur d’un Mathias Malzieu survolté et expressif. Aussi lettré que frontalement rock, le groupe de Valence assure une prestation de nature à squatter les mémoires, qui verra en entre autres le frontman en costard traverser la Zénith en slammant jusqu’en haut des gradins pour ensuite revenir en sens inverse de la même façon…et le fabuleux Wet, issu des débuts du groupe, asséner une raclée finale salutaire à une assemblée béate de bonheur et de surprise.
Dionysos
Avec entre deux une flopée de chansons sensibles et/ou exaltées, colériques, métamorphosées par le live, c’est bel et bien la charmante Babeth et ses complices qu’il convient d’ériger en rois d’un Picardie Mouv dont je salue pour ma part l’ouverture d’esprit, l’envie de toucher un territoire étendu, la qualité du « menu » et les tarifs très abordables, en plus des souvenirs procurés par ces deux semaines sans relâche. Kavinsky enthousiasmant à son tour et en solo une partie du public, par le truchement d’une electro peut-être trop roborative et instrumentale, sans chant aucun.
Quoi qu’il en soit, ce final méritoire aura sans nul doute marqué de son empreinte, à l’instar de l’intégralité de cette édition 2012, un public ravi, qu’on invite d’ores et déjà pour une édition 2013 qui vaudra elle aussi le détour.
Photos William Dumont.