Losers in the sun
Belle affiche donc, c’est légion à cet endroit, qu’inauguraient les Losers in the sun, jeunes énervés adeptes d’un punk early 70’s certes influencé, mais bien balancé et assez abouti pour un groupe si jeune dans son existence. Si on soustrait à cette belle prestation quelques clichés usés et sans effet réel si ce n’est d’exciter les plus irréfléchis (un doigt contestable, par exemple), les isariens dévoilent de belles promesses et de bonnes perspectives, par le biais de cette presta énergique et qu’émaillent de bons morceaux. Il leur faudra bien sur personnaliser l’ensemble, l’étayer aussi, mais la démarche est en bonne voie, le quartet affuté et doté de bonnes idées et les Losers on the sun assurent déjà, avant leurs ainés de Magic Hawai, un show à retenir.
Magic Hawai
Et là, la tension, élevée bien sur et mieux maitrisée encore, va monter d’un cran, A.Lemaitre et ses deux complices balourdant une sacrée série de morceaux fougueux dont émergent les cinq chansons de leur récent EP, impeccable. On joue vite et fort, oui, mais de façon audible et parfaitement exécutée, et le positionnement du groupe entre stoner, rock’n’roll bas du front et élans 60/70’s lui vaut une identité marquée et un set incendiaire. Soulignons-le, ce choix de « mixer » les genres de prédilection des rouennais accouche d’un résultat non seulement hautement énergisant, mais singulier et inattaquable sur le plan de sa qualité. En y adjoignant les poses du chanteur-guitariste et la rythmique solide et bondissante assurée par la paire qui s’y greffe, on tient avec ces normands un bel espoir, dont l’apparition sur une telle date est tout sauf le fruit du hasard.
Lords of Altamont
Ne reste plus qu’aux Seigneurs d’Altamont, emmenés par un Jake « Preacher » Cavaliere charismatique et remonté, à enfoncer le clou d’un rock teigneux, qui doit autant aux ères passées qu’à une modernité bien alliée à ces plages plus « rétro ». Le tempo est souvent élevé, les guitares crachent leur venin, des claviers épars épicent le tout et la section basse-batterie groove autant qu’elle cogne; c’est dire l’effet produit, les vocalises du leader ajoutant bien sur à l’intensité du show, à renfort bien sur d’attitudes explicites et de clins d’oeil, dans l’accoutrement et le comportement, aux monstres du passé. Le MC5 sera même repris, pour ceux qui n’auraient pas encore saisi l’esprit, direct et frondeur, à la tenue plus que fiable, de la clique. L’inénarrable danseuse, déjà entrevue au 106 de Rouen, est bien entendu présente et épice chaudement le tout, que les compos de Midnight to 666 relèvent d’autant plus. A l’écart de toutes fioritures superflues, avec efficacité et sans relâcher la bride, tout en nuançant adroitement, à l’occasion, leur registre, les Lords raflent encore une fois la mise et ravissent le public de la GAM, survolté. La demoiselle qui tient le micro des Bécasses se retrouvant même sur scène aux côtés de Jake, qui cèdera même son clavier au public l’espace de quelques dizaines de secondes.
Gros show donc, le « énième » à la GAM, de la troupe américaine, avec pour effet « secondaire » une découverte locale et une confirmation des pseudos-locaux de Magic Hawai.
Photos William Dumont.