En effet et si on y trouve le rock à la The Ex dans les saccades groovy (Triangle of fire) et façon Shellac dans ses plongées noise brutes et nuancées (Throwing stones et ses riffs bruts, qui lance la machine), Fordamage dessine les limites d’un territoire qu’il a lui-même instauré, et livre neuf morceaux rageurs mais pleins de feeling, de sons tapageurs, sur un mode modéré, pesant (Sleeping on a flag) ou plus direct (The border). Chant braillard et instrumentation de choix, remontée certes mais pensée, jamais bêtement frontale, s’acoquinent et enfantent une noise subtile et virulente. A man and a dog égale même les hollandais précités par sa qualité et ces ouvertures africanisantes alliées à des guitares crissantes mais racées, sur fond noisy du plus bel effet. Chaque morceau percute, agresse avec intelligence et suscite un grand intérêt, à l’image de l’énervé et haché Anti baile et d’un Funeral très…The Ex, influence louable et bien maitrisée avant d’être, ici, perceptible mais digérée.
Des guitares bavardes (Hero worshop) se taillent la part du lion, supportées par une rythmique aussi dansante qu’assénée, des plages criées fendent le tout et précèdent de belles nuances, quand bien même le côté « furieux » du groupe l’emporte sur l’ultime chanson, Thank you, rapide et sans détours mais forte, elle aussi, d’une multitude de sons bien inventés.
Sans fard, Fordamage n’a cure du narcissisme et du besoin d’estime ou de reconnaissance; il avance à l’instinct, évolue dans le créneau qui est le sien et qu’il exploite brillamment, à l’écart de toute influence extérieure, musicale ou médiatique. Pour un résultat, cette fois encore, sans faiblesses.