Ces derniers ont mis à l’épreuve, avec réussite, un rock teigneux mais non dénué de mélodies stylées, offrant un set de qualité valorisé entre autres par There’s no monkey on my back mais que des réalisations comme Where do you want to go et son côté british, ou le plus lancinant A story told a thousand times contribuent également grandement à optimiser. Touche à tout rock large d’esprit, entre pop, lo-fi et embardées noisy qu’accompagnent des passages feutrés « griffés » par des guitares elles aussi probantes, Willo, dont l’album sort prochainement et fera sans nul doute son petit effet, est en tout cas digne du plus grand intérêt et confirme la bonne impression laissée cet été lors des Terrasses du Kalif.
A l’issue de cette ouverture intéressante, arrivent donc les Belges de MLCD, costumés et prêts à en découdre pour faire découvrir au public rouennais, à mon sens trop restreint au vu de l’attractivité du groupe, son concept-album The tragic tale of a genius, inspiré de la vie de Brian Wilson. A l’image de leurs tenues, les liegeois livrent un set émotionnel, parfois, peut-être, un peu trop propre sur lui, trop basé sur le ressenti mais que des fulgurances récurrentes encanaillent avec à-propos. Couplées au charisme de RedBoy et au contenu, souvent musicalement attachant, du concert -des compos comme What are are you waiting for ou He’s not there sont, ne l’oublions pas, magnifiques-, elles font de l’évènement un moment décalé, représentatif d’un quintette de plus en plus ambitieux au fil de ses sorties discographiques. La qualité et l’intensité, l’allégorie habilement mise en son des titres joués font en tout cas la différence et la joie du public que RedBoy joindra d’ailleurs sur la fin pour quelques petits pas de danse.
Ce groupe est beau à voir et à entendre et si on aimerait qu’il lâche les rênes de façon plus marquée, il maitrise assez bien son sujet et trouve finalement un équilibre entre propos bouleversant et intensité sonore (Shine on), ayant de plus le bon goût de ne pas trop insister sur le penchant « cordes » de ses compositions et d’éviter une grandiloquence qui l’aurait desservi. Slow me down et ses claviers plaisants, alliés à une voix singulière, pas très éloignée de celle de Tom Barman de Deus, ou In my head puis What the devil says et ses atours jazzy gentiment distordus mettent MLCD en évidence, et lui permettent de rafler la mise auprès de l’assistance rouennaise. On espère qu’à se montrer maintenant musicalement riche et étoffé, lyrique aussi, il n’y perdra pas l’énergie et l’esprit rock qui le caractérisent mais pour l’heure, l’examen de passage est plutôt réussi et vaut aux personnes présentes un moment de bonheur assez marquant.
Photos William Dumont.