On y trouve de la cold-wave, de la new-wave génialement tordue (Subject) et finalement, il faut se rendre à l’évidence; entre deux et quatre décennies plus tard, ces réalisations n’ont pas pris une ride et écrasent par leur texture bon nombre de productions actuelles. Entre face « cold » et face « warm », De Suicide à Cabaret Voltaire en passant par une pléthore de découvertes magistrales, d’avant-garde (l’ambiance dark, à la fois malsaine et distinguée de René Halkett, David J sur Armour), un Wire plus en verve que jamais aux sons déments (le bien nommé Ambitious), des Flying Lizards funky et hors-pistes, à l’image d’ailleurs de la plupart sinon la totalité des groupes présentés, chaque volet s’avère exceptionnel et use à l’occasion de voix féminines fatales (Drinking Electricity et son Discord dance, Chris & Cosey et leur Driving blind), de climats une fois encore singuliers que les talents de connaisseurs et de défricheurs de Stéphane Ritzenthaler et Philippe Pierre-Adolphe sont allés dénicher et faire à nouveau scintiller, le tout dans un esprit insoumis et complètement libre.
Le recueil de trente-deux titres ainsi formé mériterait d’ailleurs qu’on décortique chacune de ces pépites d’époque, certaines, oubliées en raison de ce maudit temps qui passe, constituant de vraies redécouvertes qui donnent triste mine aux formations se targuant d’inventer ou d’innover. Mais on se contentera, et bien plus, d’écoutes compulsives, qui comme avec les éditions 1 et 2 inciteront sans coup férir à aller piocher dans les oeuvres de Human flesh, E.M.A.K. ou encore Dark day, pour faire court et ne donner qu’un bref aperçu de l’énorme valeur ET de l’objet, ET de l’ensemble, superbement présenté et musicalement inégalable, au sommet duquel trônerait par exemple Neu! et son Dänzig de folie.