Wolves & Moons
La formation régionale et son folk gracile, gentiment allégorique, a dans un premier temps apporté la preuve d’un talent qu’on ne peut de toute façon plus lui contester, son acoustique flamboyante, son ornement musical sobre et constamment de choix allant de pair avec un superbe organe vocal. De la trempe de ceux qui coupent le souffle et embuent les yeux, le Wolves & moons de Richard Allen s’appuie sur un répertoire soigné et sensible, sans défauts ou exagération, et possède de toute évidence les qualités nécessaires à « faire son trou ». Les voir constitue en tout cas un gage certain de plaisir et d’émotion et on se laisse facilement prendre au jeu de ces chansons délicates, brodées avec soin et dextérité dans l’étoffe folk qui sied à merveille aux quatre garçons. Bien belle entame donc, avant un Baxter Dury fortement attendu.
Baxter Dury
Le futur quadragénaire anglais, auteur d’un Happy soup merveilleux, se montre d’emblée communicatif et reconnaissant et, soulignons-le, particulièrement convaincant, enchanteur même, sur les planches. Appuyé par des musiciens au diapason, dont un guitariste survolté et une jolie demoiselle aux claviers -ce qui m’évoque, de par les similitudes dans la formation, The Fall et Mark E.Smith-, dont les interventions éclaboussent de leurs sons légers une collection de morceaux imprenables, le ressortissant de Wingrave assure un premier show lunaire déjà plus que marquant. Très vite, on s’incline devant ce chant racé et la pléthore de morceaux décisifs, souvent entrainants ou plus modérés (Afternoon), les Isabel et autres Claire incitant de façon irrémédiable à écarquiller les yeux, ébloui par tant de classe « so british », et à se trémousser, animé par un bonheur qu’en cette soirée, rien ni personne ne viendra entacher. Entre Leak at the disco, obscur dans le chant, et l’énorme et obsédant Picnic on the edge, doté de riffs funky à la Gang of Four, inutile d’essayer de résister: trop fort, l’Anglais arrose son monde de sa prestance et fait naitre le bonheur au sein de l’assistance amienoise. Superbe initiative, son concert est à classer parmi les plus significatifs que nous ayons pu voir sur les quais bordant cette place forte des musiques actuelles, et lance magnifiquement une saison prometteuse.
Baxter Dury
Laquelle vous offrira l’occasion de sets mettant entre autres en scène Cults, une Nuit Blanche de folie, Mondkopf ou Royal Republic…et Chokebore (rater Troy Von Balthazar ne s’excuse pas), ou encore Vismets et Battant, ou à une échelle plus locale, Gderws, Orques, Mayo et Martin Angor, le tout d’ici la mi-décembre. Excusez du peu…
Photos William Dumont.