Sunns
Suuns, à l’univers sans réel égal, entre noise et electro, entre quiétude trompeuse et coups de boutoir sonores à souhait, fort d’un genre certes en vogue actuellement mais que le groupe s’approprie et réinvestit avec un rare talent et une grosse intensité, marque des points en jouant un opus déjà unique et qui, dans les conditions du live, prend une ampleur considérable. Puissance, mélodies d’une voix doucereuse et mesurée et précision toute…Canadienne et rythmes changeants s’imbriquent et de cela nait une musique à la fois psyché et entrainante (Arena et sa proximité avec les géniaux Clinic), céleste et noisy (Armed for peace), rythmiquement affirmée et dotée d’élans spatiaux aux effets durables (Sweet nothing). On se trouve ici au beau milieu d’un patchwork osé et superbement élaboré, et rarement rudesse rock et mélodie du chant auront été mêlés avec autant de tact (PVC). Un clavier discret mais déterminant apporte sa touche, non négligeable, et que le groupe s’en tienne à une trame haut perchée (Fear), fasse dans le dissonant vaporeux (Organ blues) ou se montre intense et plus touffu sur Gaze, l’effet est le même; on est sous le charme, sous l’emprise de ce groupe déjà plus que recommandé.
Sunns
L’entrée en matière, par la même occasion conclusion de festival, est donc dans un premier temps exceptionnelle et c’est alors que débarque Lab° et sa noise-dub elle aussi sans égal. L’appellation est d’ailleurs réductrice tant le groupe défriche et invente et réinvente, à la manière des Young Gods par exemple, et crée sa propre musique, désormais reconnaissable entre mille.
Lab
Puissant, changeant dans les ambiances imposées, entre dub massif et élans noise musclés, extrêmement inventif dans l’enveloppe sonore de ses morceaux, Lab° s’appuie sur une discographie conséquente, part dans des entrelacs sonores et rythmiques complexes mais abordables, portés par des lignes de basse charnues, une batterie-chaméléon et des guitares offensives, aux instants apaisés également estimables.
La réputation du groupe est loin d’être usurpée et le live lui permet de prendre sa pleine mesure, la seule réserve qu’on puisse apposer à cette machine scénique bien huilée étant un chant trop peu utilisé. Ceci ne nuit cependant que très peu à l’impact de la prestation de Lab°, à la cohésion peaufinée au cours d’un parcours long et fourni (5 albums au compteur).
Tumultueux, insoumis, le groupe expérimente en retombant toujours sur ses pattes, donne dans une certaine sensibilité pop en certains endroits et assène un coup de semonce hardcore-dub imparable, et signe une venue au moins aussi significative que les groupes des dates précédentes.
Lab
On ressort enchanté, secoué et ébouriffé, rassuré aussi, quant à l’audace et la capacité créative des groupes hexagonaux, enchanté aussi par Suuns et ses morceaux singuliers, d’un tel concert.Et on quitte ce Décalage Sonore 2 avec une impatience déjà grandissante liée à la programmation de la prochaine édition.
Photos William Dumont.