Tour à tour amusant (les nombreux parallèles de Hunter entre l’Amérique et l’Angleterre, au désavantage bien sur de cette dernière), émotionnel, prenant, il décrit avec fidélité les péripéties d’un road-trip, ou « air-trip », haut en couleurs et porté par l’humour et la fine ironie de Hunter. Et le lecteur se prend au jeu au point, comme je l’ai fait, de le lire d’une traite, pris dans le dépaysement qu’il occasionne et captivé par les récits et descriptions du musicien, qu’il parle de ses acolytes, de Bowie, croisé à plusieurs reprises au cours de ce périple, ou encore de groupes dont on se rendra compte que le groupe -c’est tout à son honneur- fera d’elles bien peu de cas.
Lucide, accessible et intelligente, l’écriture de Hunter nous emmène presque sur le terrain, et rend parfaitement compte, sans « dorage » outrancier, avec un réalisme bienvenu, des avantages et inconvénients d’une tournée, entre plaisir du aux concerts réussis et achats de guitares dans d’obscurs magasins « du bout de la rue » et galère diverses telles que plans « défectueux », admiratrices envahissantes et états « limite ».
Humain, il rend aussi compte du manque qu’occasionne l’éloignement, de la débrouillardise qu’il faut sans cesse déployer pour arriver à dessein (ce en quoi ce bouquin, écrit en 72, n’a pas pris une ride), et rend un bel hommage à une époque ou malgré les difficultés, le respect était de mise et la désobligeance encore embryonnaire.
Préfacé par Manoeuvre et « postfacé » par Philippe Garnier, USA 1972 est passionnant et attachant, à l’image de son scribe pour lequel on éprouve, une fois la lecture terminée, une vive sympathie et la reconnaissance pour un petit pavé sincère, clair et instructif.