Au fil de l’horizon est le septième album du guitariste toulousain Serge Lopez, né au Maroc et fort d’un parcours et d’échanges l’ayant mené à une certaine compétence en termes de maitrise d’un répertoire essentiellement instrumental, à la guitare flamenca, dont la musicalité fait surgir les images de contrées reculées et engendre un voyage musical certes sage, aux collaborations, sur cet album, tout aussi dociles (Cabrel étant de la partie sur Como amar, avec Idir, je m’imaginais déjà détruire à coups de plume ironique le travail commun aux trois musiciens) mais bien exécutées. Le savoir-faire du bonhomme dans divers domaines musicaux et son expérience de vieux briscard permettant de trouver, dans ces morceaux (trop) posés un minimum d’intérêt, sur…les titres chantés, notamment (l’intervention d’Art Mengo sur Sans qu’elle me voie), ou ce Apaloosa à l’attaque brute.
Ce jeu plus mordant, allié au nombre ici trop conséquent de plages tranquilles, ennuyeuses malgré les belles ambiances qui en résultent, aurait surement accru la valeur du répertoire, que les amateurs de guitare sèche swing ou flamenco, et de dépaysement apprécieront sans nul doute, mais qui sur la durée ne suscite qu’ennui et bâillements. Le recours à un chant moins timoré et plus présent aussi, allié à des climats plus marqués, plus belliqueux, au côté musical intact mais moins poli, comme sur la Tour de sable qui esquisse cela sans complètement y parvenir. Sauf, peut-être, sur le dernier morceau, Au fil de l’horizon, sombre et textuellement inspiré, et instigateur, lui, d’un vrai voyage sonore.
Au lieu de cela, Lopez se contente d’une musique destinée aux aficionados d’un style certes représentatif de la pluriculturalité de la Ville Rose dont est issu le musicien, peut-être agréable dans certaines circonstances mais qui, imposé sur la durée d’un album, s’avère à mon sens très vite lassant et par trop démonstratif en dépit du jeu sans artifices de son auteur.