En prélude à cet opus déjà impatiemment espéré, les filles nous gratifient d’un EP incritiquable, à ranger auprès d’une version démo de leur Kraut Ever tout aussi probante et contenant une magique reprise de This charming man des Smiths. Mais commençons par le début et ce Island raffiné, légèrement assombri, et sa sensibilité pareille à celle que dévoilent les demoiselles de Warpaint. Fin mais intense, minimal et chatoyant, il nous met sur les rails d’une pop aux motifs charmeurs, puis Mystery train (of life) et ses boucles entêtantes, sa cold-wave rythmée balafrée par des guitares souillées, nous ravit de la même façon et s’impose comme la seconde réussite parfaite de ce EP « de présentation ». Les voix qui se répondent créent un bel effet et Mensch forge son style en empruntant adroitement à divers courants.
Passé ces deux bombinettes entre déviance et élégance, se profile la cover, risquée quand on sait le caractère « inattaquable » du morceau originel, de This charming man. Et là, comble du talent et du raffinement, Vale et Carine en font une douceur pop étincelante, à la fois pop donc et « amicalement dark », de celles qu’on écoutera des dizaines de fois sans jamais se lasser, tout comme ce EP magistral.
Il faut toutefois passer au quatrième et dernier morceau; un remix de Mystery train ‘of life) par Manvoy de Saint Sadrill, à l’électro « guitarisée » jouissive. Le CV des deux dames est conséquent -Carine a par exemple oeuvré avec, pour faire court, Le peuple de l’herbe ou des membres de…Bästard, ni plus ni moins- et elles réalisent, partant de ces pérégrinations, la synthèse parfaite et aboutie de leur parcours. Et, par là même, un quatre titres qui vient titiller, et ébranler, les travaux des révélations hexagonales de cette année 2010. Magnifique.