Cet album éponyme, fort de chansons racées, souffre cependant d’un côté trop feutré, trop peaufiné, en dépit de la pureté, de la sincérité dégagées. Sur l’introductif I wanna be with you again, l’acoustique chaleureuse du duo, obscurcie par une trame de fond légèrement grinçante, charme certes, mais reste dans ce format gentillet, finalement peu audacieux, I’m 22 confirmant ces penchants trop sages malgré, une fois encore, un enrobage chatoyant et bien senti. Il serait appréciable que The Two prenne des risques, bouscule sa réserve, ce qu’il fait d’ailleurs joliment, mais avec une retenue encore trop marquée, sur Everyday. Plus « rude », le morceau se situe certes au delà de la moyenne, mais on ne peut se débarrasser de l’impression que le duo a composé de façon intègre et sincère -ce qu’on ne mettra pas en cause, loin s’en faut-, mais trop « prudente », trop « commerciale », peut-être même.
On prend plaisir à l’écoute, c’est indéniable, mais l’opus ne ravira à mon sens que les amateurs de pop-folk conventionnelle, à l’image de ce que l’on peut entendre sur Close to me. C’est bien fait, bien composé, bien interprété, mais ça reste en dessous de ce qui permet à un groupe de réellement se distinguer, à savoir l’audace et l’identité personnelle. Hold my heart le montre bien, qui s’en tient lui aussi à des prétentions déjà maintes fois pratiquées ailleurs. Les morceaux sont pourtant bons, l’ornement juste et élégant, comme la guitare de ce titre, et The Two livre aussi des ritournelles folk plaisants (Piece of you), mais le constat dressé vaut, malheureusement, pour l’intégralité des dix titres, dont ce I know un peu plus « bourru » et dont les chants se répondant produisent un bel effet.
Ce premier effort plaira cependant grandement à une certaine frange du public, c’est indéniable, et les autres, habitués à des formations plus « décalées », y trouveront du plaisir le temps de quelques écoutes, lors desquelles ils profiteront de la beauté et de l’immédiateté du produit pour vite retourner à des oeuvres plus singulières.
C’est ainsi que Coma was not her name, porteur de guitares, tout comme celles de Hold my heart, avenantes mais qu’on aimerait plus torturées encore, quand bien même elles évoquent celles de David Roback de Mazzy Star, engendre un certain enthousiasme, avant que True to me, bénéficiant de ces voix associées, puis In my head, intense et distingué, légèrement acidulé, ne vienne, un peu tardivement, apporter la preuve que The Two peut, et sait, rendre son registre plus individuel, plus directement créatif et « démarqué ».
On gardera donc en tête l’ « agréabilité » des morceaux » et l’ouverture liée à cette dernière plage, en attendant cependant d’Ara et David qu’ils « pimentent » leur répertoire et en affirment la teneur par le biais d’une prise de risques plus importante.