Entre sensualité et déviance, les deux bien « imbriquées », à la façon d’un Risqué ou d’un Vive la Fête, autres duos aux productions solides, Noblesse Oblige livre des titres qui font mouche, après une courte période d’assimilation due au côté non-conforme de sa démarche.
Passé un Morning docks inaugural qui peine à décoller, avenant mais manquant peut-être d’audace et d’emphase, la réussite est de rigueur sur chaque titre, à commencer par The great electrifier, exercice concluant à souhait, chaleureux de par l’acoustique qu’il exhale et plus sombre de par son chant. L’alliage des deux tendances est original et parfaitement en place, le tout dans un esprit pop-rock bienvenu, et Beck and call, le morceau suivant, instaure un rythme endiablé, dans une atmosphère assez folk-rock qui évoque les Violent Femmes. Le chant, sussuré et exalté à la façon des communautés de l’est de L’Europe, amenant un plus à cette composition déjà consistante.
Chaque chanson de l’opus mérite d’ailleurs le détour et imposerait presque un descriptif détaillé, mais de façon plus générale, c’est le côté « autre » de ce que fait Noblesse Oblige, et son intérêt constant, qui éveille l’intérêt.
Equinox, par exemple, nous régale d’une dualité vocale très complice, fine et distinguée, aux sonorités décisives, puis Moonchild, en dépit de sa brièveté, envoie un folk massif, modéré par des voix plus légères. Tropical fever, saccadé et dépaysant (le New Model Army de Justin Sullivan et ses ambiances folk splendides ne sont pas éloignés) faisant ensuite de cette première partie d’opus un must absolu.
Inventif, auteur de trames captivantes donc, le duo fait feu de tout bois et affiche de surcroît une belle énergie, nous montrant en outre que nul n’est besoin de déployer tout un arsenal instrumental pour convaincre et proposer des compos intéressantes.
Dans un registre posé et raffiné, Lady with the kazoo confirme la très bonne impression née de ce Malady…addictif, le climat haut perché lié à ce morceau raflant la mise, puis Cracks on the wall donne un aperçu marquant de ce que pourrait être la pop-rock acoustique idéale. Vivace et ingénieusement orné, avec goût et sobriété, et doté de séquences electro tout aussi décisives, ce morceau prend place sur la liste des réussites, nombreuses, de Malady, et chasse le doute quand à la valeur des quatre essais restants.
C’est When thunder breaks up under, sorte de blues acoustique lancinant et retenu, au break bien senti, qui nous réjouit le premier, Valérie y allant d’une prestation vocale de choix, puis Zanzibar, nerveux et rythmé, chanté en Français et muni de sons là encore bien trouvés, qu’ils proviennent des guitares ou des nappes éeectroïdes, enfonce définitivement le clou.
Noblesse Oblige maintient ce rythme élevé sur Sambo, dansant et étayé, à l’instar de nombreux autres titres, par cet « acoustisme » remarquable. Avec un refrain marquant et un esprit simultanément sombre et enjoué, il garantit le trip sonore et mental, géographique aussi, et assied l’ « atypisme » de Sébastian et Valérie, en même temps que cet album à posséder impérativement.
Enfin, c’est May they come with spears and knives, tribal et fort d’une atmosphère tapageuse mais bridée, l’association ou l’opposition entre les voix faisant merveille, qui met fin avec maestria à un Malady…contagieux, et de haute volée, et incite fortement à se pencher sur le cas d’un duo dont la qualité se doit d’être transmise, en cette époque où beaucoup de formations moins méritoires récoltent les fruits d’un succès complètement usurpé.