On aime le rock’n’roll riffant, brut de décoffrage, dépoli, à la limite de l’outrance, comme peut le pratiquer un Jon Spencer. On s’entiche de cette irrévérence, de cette spontanéité créative, de cette folie à peine jugulée; par conséquent, on appréciera pleinement ce nouvel opus de The Swamp, le second si je ne m’abuse, d’ailleurs produit par Matt Verta-Ray, acolyte de Spencer pour les besoins de Heavy Trash. On y retrouve cet alliage entre hommage à une époque révolue, pour les élans Crampsiens ou Elvisiens, et modernité bien dosée, et les strasbourgeois frappent un grand coup avec ces douze titres remontés, qui partent d’un 21st century blues déchainé, speed et bluesy, doté d’un harmonica bref et déchiré, pour achever leur course sur Insane, le bien-nommé, saccadé, dont l’intro annonce un déchainement sonore…qui ne sera que modéré, superbement retenu. D’une efficacité à toute épreuve, ce titre au format plus long entérinera définitivement les aptitudes de The Swamp, d’autant plus qu’autour de ces essais remarquables, on trouve, sera-ce une surprise, du haut de gamme, tel Bad milk, aux riffs explosifs, avec, aussi, un chant féminin encanaillé apportant un surplus d’intérêt à l’oeuvre des Alsaciens.
Chaque titre frappe dans le mille, et que le tempo soit intermédiaire (Save my soul), hâché et alerte (Dead boy blues et ses six-cordes noisy en introduction), ou relaché, lancinant et porteur d’une tensions sous-jacente de bon aloi (A ghost tale), le quatuor étale une classe n’étant plus à démontrer.
Les formats courts, exemple The rules of engagement, sont un régal, mais le groupe n’use pas uniquement, loin s’en faut, de cette méthode pour convaincre, et la variété amenée à son rock immédiat est à porter à son crédit. Vampire blues associe ainsi avec bonheur moments tempérés et instants plus rageurs, magnifiés par une guitare décisive, In my own rock’n roll band défouraillant ensuite sa bile instrumentale sous couvert d’un chant délicieusement rétro, puis le sieur Verta-Ray illumine ensuite Death letter blues, urgent et racé, de sa classieuse intervention, Son House y étant repris de façon judicieuse, la formation de David Schmidt nous sert là un album sans fard, wild et bien troussé, qui porte à la fois la marque J.S.B.E. et une touche personnelle bien exploitée.
Chaudement recommandé.