Encore jeunots et déjà terriblement matures, scéniquement au top (leur première partie de Neimo à Beauvais, en février dernier, fut pour moi une sacrée révélation), les quatre Dodoz, forts de premières parties significatives (Franz Ferdinand, Babyshambles…) et de concerts tout aussi fiables, ici comme en Angleterre, sortent donc en ce mois d’octobre leur premier album. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les toulousains frappent à nouveau fort avec ces onze titres aux influences savamment brouillées, brillamment assimilées et « laissées sur la touche » par Géraldine et ses complices.
Considérés par les Anglais, justement, comme « Youth in it’s purest form« , les Dodoz usent de cette jeunesse, superbe atout, avec justesse, et la canalisent juste ce qu’il faut, insufflant à leur rock puissant et truffé de sonorités addictives des mélodies du même accabit, de nature à vous rester en tête au point de tourner à l’obsession. Et Middle of the night, introduit par un motif sonore déjà accrocheur en diable et la voix à la fois charmeuse et encanaillée de Géraldine, nous met d’emblée sur les bons rails. Tout est ici parfaitement au point et la vigueur juvénile et bien jugulée du quatuor emporte la mise tout en laissant augurer d’une série de morceaux, s’ils se situent dans cette lignée, pour le moins persuasifs.
De surcroît, le groupe sait jouer sur les variations rythmiques, ce que prouve ce premier morceau, ce qui lui permet de ne pas faire dans le linéaire. C’est ce que démontre ce disque, dont Boyfriend in Oxford, superbe témoignage de la dextérité des Dodoz dans cet alliage entre mélopées enjôleuses et énergie rock débridée, suivi de leur « tube », ce Do you like boys? aux backing vocals appréciables. Au bout de trois titres, le doute n’est guère permis , et la suite va brillamment entériner la forte impression laissée par les jumeaux Adrien et Jules et leur clique au talent conséquent. On ne sait d’ailleurs par quel bout prendre ce premier essai, probant dans ses moindres recoins jusqu’à tenter avec succès un coup à la One Inch Punch sur Werewolf in love. Gorgé de titres renversants, doté d’un son parfaitement adapté (merci au trio Clive Martin/Peter Murray/Pierre Rougean), cet opus éponyme continue en effet sur le même registre avec, par exemple, Stanislas et ses fines guitares en intro, qui offre ensuite des moments d’accalmie assez brefs, bienvenus, avant que les Dodoz n’imposent une embardée post-punk de bon aloi. La fine équipe fonce, ralentit, nuance, tranche, ceci souvent au sein d’un seul et même morceau et en gardant pour ligne de conduite une vigueur et une inspiration optimales. Preuve en est, un Bet mordant et à l’énergie communicative, porté par ce refrain notable et ces guitares volubiles et déchainées. Même lorsque le groupe opte pour un tempo légèrement plus saccadé (Twice), l’intérêt se maintient, au même titre que cette sensation d’énergie génératrice d’un résultat enivrant, ce que Weapon, l’avant-dernier morceau, démontre avec autant de brio. Et pour finir, c’est à un Queen in a tower aussi bien géré que la dizaine de titres précédents que l’on a droit, entre exécution vive, sons bruts et rock à la pelle (il s’agit là d’une formation n’ayant recours, c’est à souligner, à aucun recours autre que l’idéal basse-guitare-batterie), sincérité et intégrité de très bon augure, et pondération aussi éphémère que nécessaire, laquelle permet de garder intact le niveau et la cohérence, très élevés, de l’ensemble.
Inutile donc d’épiloguer, les DODOZ font mieux que de confirmer le statut d’espoir dont on aurait pu craindre le côté brusque et soudain pour une formation aussi jeune, et signent un opus aussi plein et abouti que leurs tournées de longue haleine dans les contrées hexagonales.