S’il est un album précédé par une attente nous poussant à ronger notre frein, il se pourrait bien que ce premier long-jet de FRENCH KISS soit l’objet de cette patience implacable, tant les prestations live du groupe (Festivart’, Le Charleston, Strato pour la fête de la Musique, Relais du Campus à la rentrée dernière, entre autres, pour ce que j’ai pu voir…) se sont avérées intenses, captivantes et lourdes de promesses. La conséquence étant qu’au vu de l’incandescence affichée sur scène, l’erreur n’était pas de mise au moment de la sortie de ce disque.
Soyez rassurés, FRENCH KISS lève d’entrée de jeu toute crainte quant au contenu. La voix de Tiphaine, chaude, puissante et émotionellement impressionnante, digne d’une Janis Joplin réactualisée, alliée à une instrumentation irréprochable, aussi convaincante quel que soit le propos tenu, faisant de ce disque un des musts de l’année à venir, ni plus ni moins.
Sachant le tribu à payer à ces années 70 dont l’influence sur les groupes actuels et passés est pour le moins considérable, il est d’autant plus appréciable de pouvoir écouter un tel album, exécuté par un groupe maitrisant aussi bien son univers et ses morceaux.
« Black ants » ouvre les débats sur une guitare bluesy sur laquelle vient se greffer une atmosphère jazzy délicate, l’organe vocal phénoménal de Tiphaine apportant de toute évidence une touche significative à un ensemble ayant déja fière allure, puis « Strange people« , saccadé, tout en retenue, confirme la bonne tenue de cette entrée en matière tonitruante. De petites envolées vocales et instrumentales venant faire décoller ce morceau pour en faire la seconde des nombreuses réussites constituant cet opus de caractère.
Changement de registre ensuite sur un « Melon bed » percutant, plus ouvertement rock’n’roll, court et mordant, et qui a de plus le mérite d’exposer l’aisance du groupe dans tous les styles parcourus, et qui trouve en « Random killing » son parfait pendant posé. On remarque d’ailleurs que lorsque le groupe assagit son discours, une certaine intensité demeure, ne laissant aucune possibilité à l’ennui ou à la lassitude de nuire à la cohérence et à la qualité du disque, bien au contraire.
C’est le cas sur « Two« , qui derrière des atours sereins se permet des envolées plus vigoureuses, soulignées par ce chant décidément impressionnant, pour ensuite retomber dans des élans moins alertes, créant ainsi un contraste agréable.
C’est ensuite le superbe « Telegram » qui se présente, introduit par une guitare funky et les interventions marquantes de François Dereux à l’orgue, Daphné et Jonathan assurant, de par leur rythmique, un groove incoercible. Une nouvelle prestation vocale, pleine d’émotion, vraie et jamais démonstrative, venant apporter un crédit supplémentaire à ce morceau complet et sans fard.
Passé ces six morceaux de haute tenue, on a à peine le temps de profiter, ou de se remettre, de cette gifle sonore et stylistique, que survient « 1969« , qui monte en puissance à partir de son intro pour nous offrir ensuite un écart bluesy galopant de toute beauté, étoffé par la guitare de Laura, époustouflante de brio et d’inventivité. Le groupe varie les climats, temporise pour faire respirer son morceau, repart ensuite en mariant puissance et subtilité avec la superbe qu’on lui connait. François dotant ici aussi le tout d’interventions sobres et efficaces à l’orgue.
Il nous reste alors deux morceaux, à commencer par « Elegant indian sismik song« . Elégante, cette chanson l’est, et ceci à plus d’un titre. Cette retenue, cette impression de puissance maitrisée, ces montées en puissances venimeuses, cette voix profonde, ces breaks dignes des plus grands (à tel point que je repense, à l’écoute de ce disque, à la compilation « Nuggets » initiée par Lenny Kaye, que j’ai chroniquée sur ce site et qui regroupe la crême du psychédélisme américain allant de 1965 à 1968) s’imbriquent pour générer le meilleur et consacrer FRENCH KISS dans son statut d’espoir confirmé. On n’est d’ailleurs pas éloigné des BELLRAYS, formation oeuvrant dans un créneau similaire et qui jouera d’ailleurs avec FRENCH KISS prochainement à Beauvais.
Venons-en maintenant au morceau mettant fin à ce « Coming from the room next door« ; « Lust« . Chaude, féline, la voix porte ce titre vers les cîmes, l’instrumentation bridée, modérée, mettant celle-ci en exergue tout en se distinguant par son contenu chatoyant. L’une et l’autre s’envolent ensuite de concert, dans une échappée dont le groupe a le secret et qui constitue l’un de ses nombreux atouts.
Que dire donc à l’heure de conclure, si ce n’est que je me félicite pour ma part d’être allé acheter ce disque il y quelques heures, et d’avoir assisté à la prestation acoustique de Tiphaine et Laura. Et que bien entendu, je vous conseille de faire de même…
Superbe disque.
http://www.myspace.com/frenchkiss78
http://www.frenchkisstheband.com/