Les groupes produits par Steve Albini sont rarement décevants. Il sont de plus souvent originaux, peut-être exigeants de par leur formule mais au final captivants et d’une grande valeur musicale.
C’est évidement le cas ici pour PEST SOUND, qui à peu près en même temps que les Crocodiles fait largement honneur à la ville de Strasbourg et plus généralement à notre scène rock.La bio parle de rock atmosphérique et asymétrique; c’est exactement ça et on peut passer sur ce disque d’une partie calme et très classieuse d’un point de vue vocal à une plage nettement plus agitée, débridée, sans que le disque n’y perde de son intérêt ou ne nous laisse "en plan". Les noms de Nick Cave, pour les ambiances "cabarétisantes" ou du Velvet pour la noirceur enivrante ont été avancés. On a aussi parlé du krautrock pour la rythmique obsédante qui anime cet opus.
Si ces références sont vraies, elles ne sont là que des bribes de la zik, très perso, de PEST SOUND. On pratique ici un rock’n’roll enfumé et brumeux, enfiévré ou colérique, en tout cas "animal" dans l’esprit, qui se décline sur plusieurs tendances.
D’un "prizefighter" presque jazzy et funky en ouverture, on passe à un "tape deck" sauvage, animé par des parties de gratte façon Jon Spencer, pour ensuite entendre un "tailspin" calme et qui apporte la preuve tangible de la diversité offerte ici.
Diversité qui se confirme ensuite sur l’énome "the alsace samurai", morceau rock’n’roll barré et grondeur, qui lui aussi n’est pas sans rappeler Jon Spencer et son Blues Explosion par ce côté funky et savement déstructuré.
Il en est ainsi sur la totalité de cette oeuvre déja très mature, sur douze titres dont aucun ne vous laisse le temps de souffler; le dépouillé "afternoon film", le sautillant et très funky "sneaky sips", obéissant à l’image des autres titres à une construction bancale et géniale, "russian roulette" qui démontre la grande classe vocale de Neil Ovey. Cette grande classe musicale, devrais-je dire, et cette folie qui fait l’intérêt de morceaux comme "a gang with no legs or wires" ou le très court et percutant "xxxxx", entre autres.
Un excellent album donc, non-conformiste, qui vient apporter la preuve, avec folie et brio, de la bonne tenue actuelle de notre scène rock.