Gregory Hoepffner oeuvre depuis plusieurs années à une création musicale qui échappe aux chapelles et aux pré-requis des scènes standardisées. Multiinstrumentiste, songwriter, homme de studio comme de scène, membre de groupes hardcore, métal, math-rock ou pop (Jean Jean, Sure, Kabbel, GH Francis…), il façonne aussi en solo des disques de musique électronique aventureuse et défricheuse, entre club music réinventée et expérimentations chaleureuses. Rien que pour ça déjà, on trépigne d’écouter et c’est cette fois Almeeva, projet cathartique, dans le ressenti sans barrières, qui dancefloorise l’auditeur. Le purge, aussi, porté par neuf salves qu’il ne pourra endiguer. Hyper Death, à la techno bondissante qu’un chant épars et sexy fait dropper, impose fiesta et mouvement. Comme un antidote. Hyper Life, éponyme donc, se présente ensuite, plus aérien, entrecoupé d’interventions vocales chorales. Almeeva poste son registre, nuancé mais emporté, où Hyper High et ses pulsions électro « fonk » trouve sa juste place. HyperLife est étudié, jamais bêtement rythmique. Ses spirales s’avalent d’un trait, dans une forme de jubilation qui à l’humain fait du bien.
Hyper Love, nuageux, alerte également, embrume les êtres. Ca tombe bien, sous éther la terre à de beaux airs. HyperLife est une embardée, vers de possibles meilleurs. Invere, spatial, dure peu mais à l’image d’autres, chloroforme l’écoutant alors que son chant, de l’espace, se fait discrètement entendre. Hyper Sad prend alors la suite, céleste mais bien marqué, à la fin affirmée. Une voix féminisante y apparait, avant son terme. Le disque est inspiré, Hyper Mind lui refile des syncopes agitées et soniquement le tout rafle la mise. La régularité du chant, il faut le noter, l’avantage. Hyper End, de son électro diaphane, marque ses derniers pas.
Le sieur Hoepffner à c’t’heure, dans son entreprise, s’en sort avec les honneurs. Abandon Form sonne la fin, sans cadence ni paroles alors qu’en lieu et place, j’escomptais une ultime poussée de fièvre de vie. Peu importe, HyperLife dynamise et torpille le mal-être, lui substituant joie et communion. On en ressort régénéré, suant d’espérance, de matière sonore estampillée Almeeva, luttant et mutant, poing levé et tronc bien droit face à l’inertie culturelle et comportementale à laquelle certaines souhaiteraient nous contraindre.
Photos Gregory Hoepffner