Œuvrant en duo, Kinsella & Pulse, LLC arrive de Chicago. Art-pop mais ça ne me sert qu’à le situer sans trop de précision, il se nomma Good Fuck puis Tim Kinsella & Jenny Pulse. En termes de contenu, il surprend d’emblée, servant ce Sally noisy sur chant sucré, agrémenté de notes dépaysantes. Sally Love prend alors le relais, sombre, souillé, atmosphérique, psyché et non sans effets. Tim Kinsella (vocals, guitars, organ, snares, drum machine, harmonica) et Jenny Pulse (vocals, drum machine, organ, crash, synthesizer, bass, Rhodes piano, drum pad), aidés en l’occurrence par Theo Katsaounis (second guitar, synthesizer, drums, samples, organ), expérimentent avec succès. Love, de sa pop chuchotée façon Liz Sandoval, ne séduit pas moins. Quelques notes à la Sonic Youth l’étayent, venant le parfaire. C’est sur plus de huit minutes qu’il nous emmène, prenant à souhait. Un break en marque le terme, trituré. The Game, The Play, The Drama, The Dream suit, obsédant, également déroutant. Il se montre songeur, errant, et instaure un trip marquant aux vertus hypnotiques certaines.
Quiet, au tumulte bienvenu, riffe sec et prend des airs post-punk agités, que les chants alliés sertissent. La surprise est de mise, avec ce projet que jusqu’alors j’ignorais. Elle est bonne, fréquente, et les détours captivants. Brutal, The Way You Like fait d’abord délirer sa voix, hache sa cadence, pose un chant doux et des saccades d’intérêt. Brutal, fracas indus assourdissant, mue ensuite en ne sorte de rythme hip-hop d’antan orné de tendances à la The Ex, lesquelles forcément désarçonnent. La créativité sonore domine, le groove est implacable. C’est alors Watch and See qu’on entend, Brutal ne durant qu’une trentaine de secondes. Quand je vous disais, que ce Open ing Night nous sortait de nos repères…
©Tim Jenny
Watch and See, par ailleurs, louvoie et convainc. Cracked Factory Wall, de son côté, s’ouvre dans la quiétude. Il rêvasse, nappé comme il se doit. L’instrumentation est riche, mais sans surplus dommageable. On reste en phase, sans se faire prier, avec ce disque passionnant et sans rapport à la norme. Immanence, qui le conclut, place un rock grinçant, bluesy aussi, qu’une dernière fois la voix type. Le morceau coupe son élan, titube superbement, proposant une ultime échappée dont on aurait tort de se priver. Excellence totale.