GRAVAS est le projet d’Aurélie Gravas, chanteuse obsédée par la peinture et l’inverse vaut tout autant. Elle gère ici guitare, kalimba et chant, appuyée par Françoise Vidick (Joy, Deus, Zap Mama) aux percussions et chant et Marc A. Huyghens (ex leader de Venus, Joy) à la guitare, basse, chant. Voilà pour le cadre. A l’écoute, on a face à soi un rock ici de soufre, plus loin de bure, là-bas et plus fréquemment de soie. Sa marque est permanente, sa tension rentrée (Is It the Moon), sa parure soignée. I’m on Earth aura d’abord ouvert, à la PJ Harvey, à la Shannon Wright, ce disque éponyme. La fissure lentement perce, Queen Evelyn la bride et ce faisant, pose son éclat. Les guitares, d’ombrage, ornent le titre. Teepees, à la suite du Is It the Moon cité plus haut, suit une avancée similaire. Dommage, je le précise, que l’implosion soit si éparse. La Vieille, lo-fi, folk et « valsant », n’offre que peu de failles. Il fait, sans hâte, monter l’intensité. Jean Brusselmans revêt alors, à l’instar des autres créations, un habit à l’étoffe peaufinée. On dirait, par chez nous, Helluvah. A Bouncing Pickles, délicat, fragile aussi, progresse par légères saccades.
Bien fait mais sans trop de heurts, Gravas fait joliment face. Apache & Kitoko le rend vivace, on en pressent la rupture et son rythme s’affirme. Il reste sur le fil. My Virgin Skin on Yours, bref et ça ne l’empêche nullement de scintiller, se dépouille. Il est folk, sobre. Twelve Square Meters lui emboite le pas, vocalement racé et là aussi le fait se reproduit. La musicalité de l’album s’entend, œuvre collective de marque. Ali, en Français dans le mot, obsède de par…ses prénoms, dits et redits. My Larva Whale dans la ouate se déploie, je guette -encore- la lézarde, persévérant. Que nenni! Finaud, le morceau retient néanmoins. Sisters vient alors conclure, façon Young Marble Giants, du moins en ai-je le sentiment, un ensemble uni, souvent (trop) tenu, à la lisière du ravin, à l’allure récurrente et perlé par des gens qui s’y entendent.