Alors celle-là je l’escomptais, j’avais déjà tiré profit du bonhomme en 2011 puis 2015, à Beauvais puis Amiens, sur deux sets magistraux. Little Bob donc, légende du rock de France, jouait ce vendredi dans le théâtre d’éclat d’Abbeville, le trio The Black Stompers se chargeant, en l’occurrence, de lui d’ouvrir la marche. Pour le coup les Nuits du Blues, évènement local à cocher dès son annonce, prennent tout leur sens. Le genre trône, parfois trop scolaire, trop prévisible, mais la qualité des compositions l’emporte sur toute autre forme de considération. Le panel est large, de blues fins en attaques plus rock en passant par du climatique. L’ensemble, bien évidement, se nourrissant de la maîtrise de ses exécutants. Le public samarien pousse ses premiers cris, avec Alex « Thagis Reasons » lui aussi présent nous ergotons un peu. Je feuillète mon « Derrière le bruit » de Sacha Rosenberg, qu’il m’a gentiment dégoté à Noz. La capitale du Ponthieu, elle, souffle son blues et ça lui sied. Emonville en travaux, je n’ai pu profiter de son bassin mais le bonheur de renouer, d’être de retour, prime.
The Black Stompers
Merci l’orga, l’attente est écourtée. Après un intro dépaysante et bien balancée se pointent le Bob et ses acolytes. Le vétéran étonne, touchant de vérité, de gentillesse, et entonne ses hymnes. Autour de lui ça joue comme il se doit, de rocks frontaux en morceaux assagis la patine du gang inonde le théâtre. Le premiers rangs se lèvent, à l’invitation du maestro lui-même. Je précise qu’à mon entrée mon ami Laurent Cauchy de la ville d’Abbeville, croisé sous les drapeaux, m’a excellemment accueilli. La lumière est belle, le show de grande valeur et les fidèles festoient. Récurremment je pose l’appareil, histoire de gober le set. Je frétille, ne pas en être m’aurait peiné. Le libanais est digéré, nous attrapons les refrains et fort heureusement ma voix est couverte. Je jubile à Abbeville, dans sa veste de cuir rouge Little Bob rayonne. Un double-live est prévu, pour l’été. Fichtre! Concert-tonnerre, annonce-bonheur. Que demande le peuple, si ce n’est une bordée de compos à la Blues Bastards? Les guitares du buriné en chef épicent le tout, les claviers lui refilent du style et la rythmique où un « jeunot » a trouvé place lui assigne une dynamique décisive, incisive aussi quand l’heure est venue.
Little Bob
Bob chope de l’âge bien sûr, ça ne rend son set que plus précieux encore. Il sert des pognes, la passion le porte. Il nous emporte, c’est au grain que l’on veille sur lui. Il nous le rend bien. Bernie est là, de ses bras il ponctue le show. Un blues est joué, à l’état pur. Abbeville le mérite. Les rappels sont quêtés, au nombre de quatre, accroissant les effets d’un gig d’ores et déjà mémorable. Dans mon t-shirt Manufrance, frappé du Coq Sportif à l’ancienne, je me dis alors que le rock des racines a encore de foutus beaux jours devant lui. Il est à vrai dire éternel, Little Bob le perpétue avec prestance et émouvant, nous fait cadeau d’un concert qu’assurément, la quasi-totalité des personnes y ayant assisté garderont en tête et dans le cœur. Epoustouflant, l’homme au bandeau performe superbement et n’aura pas volé, loin s’en faut, ses vigoureux applaudissements.
Little Bob
Photos Will Part en Live!, auteur de l’article…