C’est à la lecture d’une interview du groupe, chez les vénérables New Noise, que j’ai enfin pu percuter qu’un nouvel opus existait. Alors ni une ni deux j’ai tracé, Godzillionaire avec ce Diminishing Returns est bien loin de capituler. Si le ton est globalement plus posé, les titres s’enchainent sans dénoter. Drowning All Night et son rock tout en fougue, syncopé, alterne cognage et tension bridée. Mark Hennessy, en dépit de ses soucis de santé, tient la grande forme. Il en va de même, et vous l’entendrez, de ses coéquipiers. Boogie Johnson les voit ferrailler, avec ardeur et vitesse, pour un rendu de haut vol. Mark pousse la voix, inégalable, et le rock de Godzillionaire, stoner, bluesy, enflammé, grimpe vers les cimes. On peut ensuite retomber; la beauté d’un Spin Up, Spin Down léger fait elle aussi pencher la balance. Du bon côté, ça va de soi. Musicalement l’éclat est notable, psyché et plus loin s’envolant le morceau flamboie.
Astrogarden, dans la minute qui suit, riffe métal. Il est plombé, vocalise psyché, se pare de heavy. L’alliage est parfait. D’un coup le bazar prend les rênes, on entend un vocal quasiment rap. C’est Chris Copp, guest bien choisi, qui s’illustre. Godzillionaire vise juste, 3rd Street Shuffle le fait groover lestement alors que les guitares fusionnent. Des 70’s aux 90’s, pour arriver à ces jours-ci, il n’y a qu’un (grand) pas que le projet franchit magistralement. Il possède ce don, précieux, de tout faire avec perfection. Unsustainable, au bord du trip-hop, réussit dans l’exercice. Godzillionaire ouvre la palette, livre ses ressentis, couvre un éventail large. On s’en félicite. Common Board, Magic Nail, élastique, retenu comme d’impact, louvoie. Là aussi les chants surprennent, signés Chelsey Larson et Lauren Mayhew. La durée conséquente de certaines plages, loin de l’entraver, met l’album en exergue. Shadow of a Mountain, chargé d’y mettre fin, s’en acquitte avec finesse. Il érupte sur sa deuxième moitié, belliqueux tout en demeurant stylé. Insidieux, Diminishing Returns détient tous les éléments requis pour après 2 ou 3 écoutes attentives, vous retenir sur la durée de par sa excellence excellence.
©Jason Dailey