Good news voici venir le 3ème opus des rouennais d’ Animal Triste. Un Jericho à la pochette inspirée d’une célèbre peinture de Boughereau intitulée Dante et Virgile, à laquelle s’adjoint une connotation biblique de déchéance et de renaissance dans le chaos. Une approche propre à notre époque en lambeaux, en somme, et au delà de ça, onze titres sans travers. Alain Johannes (Queens of the Stone Age, PJ Harvey, Arctic Monkeys) est convié. Peter Hayes, frontman du noir BRMC aussi et Marina Hands, de la Comédie Française, itou. Alors AVE SATAN, le rock ombrageux et offensif des Normands s’impose et lance ses éclairs. Titre-maître, titre de maestros. REARVIEW MIRRORS feat Peter Hayes ensuite, d’abord sifflotant, au bord de l’insouciant, au ton chuchoté. Il m’évoque, par bribes, le meilleur d’un Craftmen Club. Il gicle finalement, racément volcanique. Suit HOMECOMING KING, folky, moins frontal mais d’un attrait velouté qu’on ne peut occulter. TEENAGE WHEELS lui donne suite, narratif, finaud. De jolies envolées le ponctuent et l’intensifient, le chant se pare de nerf. C’est gagné.
A son aise, Animal Triste propose RIVER OF LIES feat Alain Johannes, déferlant, rock, teinté de mélopées pop. Là encore, effort abouti. L’assise est trouvée. Typé, Jericho n’a que faire de l’à peu-près. MONTEVIDEO, vaudou possédant, éclate dans un rock ardent que la nuance met en relief. Les guitares ont du cachet, à l’instar du reste. JERICHO feat Marina Hands, poppy, alerte et doucereux, charme de par ses tons et l’alliance de ses deux organes. Son terme percute. Rien à jeter sur ce disque, empreint d’un savoir-faire audible. THE REAL KANYE WEST feat Alain Johannes, bordé d’allant, susurré, grince et groove. On s’entichera vite, je le pressens, de ce morceau comme des autres ouvrages. LOVE CRIMES, né d’une impro, ne rate pas la cible. Pop à guitares, tendu, il complète l’album avec fougue prestance.
©Yann Orhan
Au sommet de ses travaux, Animal Triste amorce la dernière courbe sur ce SAD GENERATION (with happy pictures) feat Peter Hayes résultant, lui, d’arrangements spontanément envoyés par l’invité. Alex Maas (The Black Angels) aurait dû le chanter tant il en aimait le texte, mais le calendrier de tous ne l’a pas permis. Il n’empêche que la chanson, sensible, saccadée, mérite largement le détour. Sur la fin elle s’emporte, puis THE MORNING AFTER s’en vient fermer la barrière. Il le fait dans une ombre de marque, sans parure ou presque, au gré de belles notes folky tantôt au bord de la rupture, accompagnant un chant déchirant, pour entériner l’excellence de ce remarquable Jericho.