SOPA BOBA est un projet belgo-néérlandais réunissant G.W. Sok (The Ex), Jean Vangeebergen (dramaturge) et Pavel Tchikov (Ogives). Leur premier album, That Moment,tient en une adaptation du texte éponyme de l’autrice moldave Nicoleta Esinencu et s’y glissent pour notre délice synthés modulaires, quatuor à cordes de style néo-classique et spoken word. Déjà quand tu lis ça, tu trépignes grave. Pour ma part m’en fous, j’ai le son et ne peux résister à l’envie de vous en toucher quelques mots. La création est magique, à contre-courant comme l’illustre l’ « ouvrant » That Sweet Moment. Une giclée indus, à la symphonie d’élégance, entre tapage et grande classe. Le parlé de Sok s’y incruste, lié à une trame d’ores et déjà majestueuse. Happé je poursuis, j’avale une pilule intitulée That Beautiful Moment et effectivement le moment est beau. D’une électro indomptable, le morceau plante un décor saisissant. Ses secousses fon tressaillir, le chant s’y montre emporté. Le brassage est singulier, sans limite ni courbettes. De l’orchestral survient, savamment amené.
Je capitule déjà, That Perfect Moment m’embarque aidé en cela par sa chape sombre. Presque du noise-rap, tiens, que cette composition aussi décalée que le reste de l’opus. Mais elle tient, à vrai dire et avant toute chose, en du Sopa Boba pur jus. Du nectar expé, fait de sons bruts, d’autres plus nuancés, tantôt tordus tantôt peaufinés. L’ensemble tient debout, splendide. Son genre est autre, sa matière indéfinie et malgré cela aboutie. Il m’arrive de penser, sur ladite track, aux Young Gods des débuts. That Epic Moment, grondant, joueur aussi, désarçonne à son tour. Le groove de Sopa Boba est habité, narratif, possédé et immensément inspiré. Les invités le parachèvent, fiables. That Epic Moment, de par sa longueur, jamais irritante, décuple sa portée. Remercions Sub Rosa (BANDCAMP incluant l’album), label de première main, pour la sortie.
That Glee Moment, au début tranquille, répété, enjolive le débit de G.W. Sok. L’atmosphère, à nouveau, fait foi, à l’unisson avec les écarts sonores de la clique. That Catholic Moment s’écoute…religieusement, pétri de cordes sublimes. Il vire au sombre, sans perdre de sa magnificence. Ce disque vous attrape, vous ne lui échapperez pas. Ses histoires poignent, dites et mises en son avec le brio de ceux qui au dessus du lot crèchent. That Magical Moment, au bord des dix minutes, le drape d’une intensité bridée, ou plus affirmée, d’une étoffe bluffante. Les sons frémissent, partent en vrille ou au contraire imposent leur lustre, quand ce n’est pas tout ça à la fois. Must absolu, achevé par une rafale terminale d’un bruit percutant.
©Gaëtan Streel