Musicien, compositeur et producteur, gérant de label, Elliot Aschard évoque ici le parcours de « son » Bermud…
1. Bermud vient d’Angers, comment s’est-il formé et que lui apporte le fait de provenir d’une ville aussi rock ?
Le projet s’est formé dans ma tête, après la fin d’un autre projet (Jumaï). Au début je me suis juste dis qu’il fallait que j’enregistre quelques morceaux (de ma liste de démos en chantier) pour ensuite les sortir sur Bandcamp, et puis ça s’est transformé en un album qu’on a enregistré à quatre et que j’ai sorti avec Reverse Tapes. Je me suis vite rendu compte que les morceaux auraient besoin d’être joués en groupe, et les gens de Reverse Tapes ont été tout de suite partants quand je leur ai fait écouter les premiers enregistrements.
2. Tu es « maître à bord », Elliot, puisque Bermud constitue ton projet solo. De qui t’entoures-tu et qu’est-ce qui motive le choix de tes collègues de jeu ?
Le choix des musiciens s’est fait assez naturellement, puisque j’ai demandé à des potes de participer au projet. Avec Thibault (basse) on a organisé pendant plusieurs années le Freaks Pop Festival. Jack (guitare) et Jean (premier batteur) faisaient partie du groupe Wildfox que j’ai enregistré plusieurs fois. Je crois que c’était important pour moi de m’entourer d’amis de confiance, pour créer cette cohésion qui est hyper importante quand on joue en live.
3. Tu as par ailleurs créé ton label, We Are Not Alone Music. Est-ce avant toute chose par désir d’indépendance ?
J’ai monté We Are Not Alone Music à la fois pour pouvoir sortir ce disque, mais aussi pour prolonger la démarche que j’ai eu en montant mon studio (La Cuve). C’est vrai que ça m’a paru logique qu’après avoir enregistré et mixé l’album de façon autonome, je poursuive cette idée de produire ma musique de façon indépendante. Je me retrouve bien dans cet esprit DIY en général, à la fois par nécessité mais aussi par conviction dans le sens où c’est toujours très enrichissant d’apprendre à faire! C’est comme ça que j’ai commencé la musique, c’est comme ça que j’ai monté mon studio, donc c’est une façon assez naturelle pour moi d’explorer en général.
4. Y’a t-il, ou y’aura t-il, d’autres formations signées sur ce label ? Quel est le « critère » pour y être intégré ?
Oui bien-sûr, l’idée serait de développer ce que l’on a commencé avec le studio La Cuve, à savoir enregistrer et produire de la musique indé. Après je ,’ai pas encore réfléchi à la forme que cela pourra prendre dans le futur.
5. Comment le premier album de Bermud, Chetter Hummin (2022), a t-il été accueilli ?
Plutôt bien j’ai envie de dire. Le meilleur indicateur a été notre diffusion sur les radios Ferarock, l’album a beaucoup tourné et il est resté très longtemps en haut du classement !
6. En février sort le petit dernier, Oceans on the moon. Que représente pour toi un deuxième album, par ailleurs comment a t-il été conçu ?
Sortir un album c’est toujours un peu particulier, on travaille dessus pendant des mois avec des hauts et des bas et d’un coup ça sort ! C’est un soulagement, accompagné de beaucoup de joie, de pouvoir le partager et d’avoir les premiers retours. Je l’ai fait de la même façon que le premier : souvent je commence par écrire les morceaux guitare/voix, sur un dictaphone. J’écris des chansons qui puissent se jouer comme ça, très simplement en guitare/voix presque comme de la folk. Ensuite je fais des maquettes (toujours dans mon studio) et je les fais écouter à l’équipe pour qu’on les joue en groupe et qu’on puisse enregistrer des pré-prod.
C’est à ce moment que les morceaux commencent à prendre leur forme définitive, on en profite pour modifier les structures et les arrangements et surtout c’est les premières fois où on les joue en groupe et où l’on peut vraiment ressentir l’émotion de chaque morceau. Ca permet de se projeter et de créer une ligne directrice qu’on va garder jusqu’au mixage. J’ai passé trois semaines à enregistrer l’album : d’abord les « basic tracks » (ce sont les « squelettes » des morceaux : la batterie, la basse et les guitares principales) jouées en groupe avec Jack, Thibault et Josselin. Ensuite on a fait les guitares avec Jack et j’ai fini par le chant. Après ça je suis passé au mixage et à la production de l’album avec Stw.
7. Quels sont les thèmes de l’album ?
Les thèmes se sont un peu élargis comparé au premier, même si l’on reste dans la même veine : La science-fiction est toujours une grande source d’inspiration pour moi. L’écriture des paroles est toujours un peu un moment d’introspection, donc il y a pas mal de choses assez perso ou en tout cas des questions que je me pose ou des points de vue que j’ai sur les choses qui m’entourent.
8. Oceans on the moon sonne très 90’s, il regorge de tubes indé qu’à mon avis on retiendra ! Dans quelle mesure la période mentionnée influence t-elle ton rendu et/ou ton approche artistique ?
C’est clairement la période à laquelle appartiennent la plupart des artistes et groupes que j’ai écoutés, en apprenant à jouer de la guitare, et que je continue d’adorer. Je pense que ces références m’ont énormément influencé et c’est pour ça que ça s’entend dans ma musique même si j’essaye à tout prix de rester en dehors d’une étiquette, d’un style musical. J’aime bien l’idée d’avoir des influences d’une période donnée, mais dans laquelle une multitude de genres se croisent.
Pochette Oceans On The Moon
Photos groupe: Ameline Vildaer / Balthazar Ribeiro