GINA ÉTÉ vient de Suisse, Prosopagnosia est son deuxième album. Il fait suite à Erased By Thought (2021). La magnifique helvète y parle un langage pop ouvert, trop prudent pour ma soif de déviance mais tout de même bien enfourné. Prolog – This Mess I’m In l’ouvre doucement, de son chant doux alors que des phases pas loin de l’orchestral naissent et que le tout s’emphase sans heurts. L’univers se dessine, Love to Work joue un trip-hop dark de qualité. La Joie (au bout d’un moment), également sombre, diaphane aussi, a le pouls électro. Là encore l’ambiance, doté de quelques grincements éloquents, saisit le quidam. The Bet arrive alors, entre voix d’ange et ornement de cordes. Joli certes, mais trop sage pour ma pomme. F***you:you se saccade, vif. Il se tribalise, entrainant, concluant. GINA ÉTÉ, en cet hiver, réchauffe l’atmosphère. Elle sait y faire, ses sorties précédentes en attestent.
Sur la suite Interlude – Your Opinion, au chant fragile, fait le pont jusqu’à The Last Air et sa rêverie à peine perturbée. Le rythme, sur la fin, gagne toutefois en ampleur. Blindside apporte alors un surplus d’ombre, appréciable, au gré d’un trip-hop sulfureux qui vire ensuite au mélodieux. My Friend clôt les yeux, dépouillé. Sa lente progression l’amène au bord du fil, sans rompre. Enfin Your Opinion, terme sans plus de nerf, emmené par une échappée de cordes, borde ce Prosopagnosia pour dans le même mouvement, en sacrer la beauté et en surligner la -grande- sagesse, compensée par la dextérité de l’artiste concernée.
©Niclas Weber