Régulière, authentique, Shannon Wright signe là son onzième album. Un Reservoir of Love maladif et endeuillé, enfanté solo et c’est peu de le dire. La situation, pourtant, transcende visiblement la ressortissante de chez Vicious Circle qui de rocks ardents, aux guitares à fleur de peau, en balades peaufinées par cordes et Wurlitzer (un superbe Countless Days), s’en sort avec les honneurs. Elle amorce les débats, rude, avec le titre éponyme. Entrée en matière brumeuse, sur fond de xylophone dirait-on, avant les riffs crus. Une cadence lascive, saccadée. Un ornement merveilleux. La splendeur, qu’une hausse rythmique sur trame noisy termine. Puis The Hits, dans un déroulé à la Elysian Fields. Classieux. Weight of the Sun, où les riffs à nouveau s’aiguisent. Voix rêveuse, mais affirmée. Ton rock mordant. Celui-ci persiste, la tension préside. Shannon, décidément, frappe fort.
Plus loin Countless Days, cité plus haut, fait valoir sa musicalité. Sa musique alitée, peut-être aussi. De ses déboires, l’artiste tire ses atouts. Ballad of a Heist, après un début aérien, rocke en ruades. Les titres forts se suivent, je puise mon bonheur dans les penchants rugueux de ce Reservoir of Love et me recueille dans ses temps de pimpante retombée. Mountains, soufflé, paré de notes claires-obscures, embellit une palette déjà bien mise. Il breake, sa fin fait scintiller le piano. Sans écueil, musicalement parlant, l’opus présente des compositions digne du statut qu’au fil des sorties, la Dame a en toute légitimité acquis.
©Jason Maris
Shadows, feutré, surligne les décors de marque qui étayent l’ouvrage. Sur son terme les cordes s’emphasent. Reservoir of Love est court, c’est là son seul « défaut » mais sa patine l’emporte très largement. L’intimiste Something Borrowed le clôt, ténu, dans une sobriété à la parure confondante. Le piano, une fois encore et c’est l’ultime occasion, se substituant en l’occurrence à la guitare, d’un apport tout aussi remarquable, pour achever un numéro onze de la plus belle cuvée.