Montréalaise, plutôt dans son exercice à l’aise, N NAO soit le projet d’une certaine Naomie de Lorimier, traite de métaphysique, d’astronomie, d’écologie, d’amour et de survivance. Outre ces thèmes, la Dame fait muer son registre, façonnant l’acoustique en électronique et inversement. A première écoute j’ai reculé, le tout était pour moi trop posé. Mais je me trompais. En effet ce Nouveau Langage, bien nommé, recèle mille et une richesses sonores, déviances et incrustes dark. Ainsi Destin, en ouverture, se déroule t-il amicalement, rêvassant jusqu’à la brèche alors que des motifs craquelés le parsèment. Troisième opus de Naomie, Nouveau Langage est parlant. Corps lui donne du coffre, dans une électro spatiale aux mouchetés inspirés. Le morceau est alerte, tel un cœur vite battant. Naomie elle-même et Jean-Bruno Pinard ont réalisé l’opus, de concert, accompagnés par Charles Marsolais-Ricard, Samuel Gougoux, Coralie Gauthier, Simone Provencher et Jon Nellen alors qu’Heba Kadry (Björk, Slowdive, Tirzah) a masterisé le tout. Nouveau Langage, éponyme, filtre une instrumentation originale, à la fois douce et amère, souillée avec éclat tandis que la voix se détourne. A chaque étape de ce disque pointent, récurremment, les détails qui font la décision.
Bienvenue, de sa valse bancale, traversée de légères emphases, m’ennuie mais m’attire. C’est ainsi. C’est avec Pleine Lune que je replonge, tout entier, dans les sorties de sentier instigués par N NAO. Tout à l’heure j’évoquerai la réédition de Car Button Cloth, des Lemonheads, mais pour l’heure N NAO attrape mes mots. Pour ce faire j’ai même zappé le cours de Sociologie de l’Education, de 9 à 11, qui s’annonçait bien bon. Les recoins d’ombre et traces soniques du morceau, ses susurrations aussi me plaisent. Fleuron, sorte de drum’n’bass aux abords flottants, confirme la vision décalée du projet. Château d’Eau, d’église ou presque, quelque part angélique, précède un Echo lent, que des soubresauts à l’orée de la noise, de l’indus, perturbent. Bien vu. Risque, dans les cieux, venteux, narré, dessine une autre forme. Tout ça est assez saisissant, il importe de le dire. Déjà la fin point, elle prend les traits d’une sobre élévation au fond légèrement trouble. Au bout de l’audition, m’est offerte la découverte d’une artiste aux créations individuelles, qu’il s’agira d’explorer avec grande attention.
©Lea Taillefer