Sorti en 2004, premier jet d’une trilogie remarquée, le Drinking Songs du néo-nancéen Matt Elliott voit celui-ci, avec l’apport non négligeable de Anne-Elisabeth de Cologne (contrebasse) et Barbara Dang (piano), fidèles compagnes de scène, revisiter tous ses titres dans le cadre du live. Désormais armé de son saxophone, l’artiste fait ainsi merveille et la folk égrénée aux reflets jazzy enjoués/obscurs de CF Bundy / Trying to Explain, sur ses seize minutes ténues mais d’ampleur, fait d’emblée effet. Il y a là du Balkan, de l’ivresse de l’Est, normal puisque c’est actuellement là-bas que le gaillard réside. L’Est de chez nous, qui l’abrite, contre l’Est de l’Europe, qui colore certains de ses efforts. What’s Wrong, lui, couple chant et douces volutes, portant une brillance musicale que cuivres et cordent font gentiment dansoter. The Kursk, quand vient son tour, nous offre une durée étirée que le dépaysement caractérise. Ce Drinking Songs Live 20 years on, si l’on y reste attentif, nous rendra captifs. Le second volet du titre s’emballe, m’évoquant Kusturica. Si si. Je valse, a drink in my hand. Un léger tourment s’installe, bien joué.
©Jolann Ambrosio
Le registre, l’écoute l’illustrera, tire profit de sa mue. What the Fuck am I Doing on this Battlefield ramène du serein, le piano y sensationne sans excès dommageable. Sobre ici, plus éthylique là-bas, Drinking Songs Live 20 years on s’auditionne comme on avale un grand cru. Ca tombe bien, c’en est un. A Waste of Blood lui confère marque vocale et coton des atours. The Guilty Party / Also Ran, au pied des vingt minutes, glisse sans heurts vers l’embardée. Le saxo reluit, bleu, et le terme s’emporte joliment. On salue Ici d’Ailleurs, label précieux, pour l’édition du joyau. Ce dernier défourne une version
de The Maid We Messed, pour finir, aux déviances captivantes et ruées noise de génie, balafres superbes dans l’ouvrage en présence ici magistralement révisé.
©Jolann Ambrosio