Mazette, Membrane va nous vriller le crâne! Les quatre de Vesoul, au parcours que si j’t’en parle tu m’croiras même pas, pilonnent un septième album appelé Deathly Silence. Six montées de fièvre ferventes, massives, noise, au groove sous tension que de relatives accalmies valorisent. Raise en figure de proue, entre Sleeppers, Basement et Unsane les Membrane donnent du manche et usent ça et là du French, lâchant des éruptions nourries. Ils défendent la Dame, de toute leur âme. Son et mot vont de pair, agilement liés. Fire and Fear, du poids d’une pierre, se modère ensuite sous le joug de notes affinées. Le contraste est juste, les lyrics entre Anglais et inclusion de syllabes lucides dans notre langue (Nous avons été aveuglés par notre cupidité/Les avertissements que nous avons ignorés/Maintenant les conséquences se dévoilent/Dans un monde que nous abhorons, Avec chaque jour qui passe / Chaque jour qui passe !) font sévèrement mouche. Gavé de sets, dopé aux tournées, Membrane dégivre tout autant sur sillons. Too Late, insidieux, merveilleux, permet une retenue d’éclat. Le chant toutefois se lâche, il va sans dire que Membrane b++++ notre époque un peu comme Saïd avec la police, dans La Haine bon bref, si t’as la rèf’ c’est qu’t’es un vrai. Le morceau se calme, joliet. Parfait.
Dans la foulée Deathly Silence, éponyme, s’étend mais à aucun moment ne se détend, haussant même soudainement et singulièrement le rythme. Intègre, percutant mais sachant (se) penser, Membrane a tout d’un grand. Sa longévité l’honore, la portée de ses travaux pas moins. Ses bourrasques font loi, gorgé de sève il laisse celle-ci irriguer l’écoutant. On n’en demandait pas tant, Soft Whispers coupe le souffle et sa force de frappe consolide une galette déjà bien cimentée. Earth, terminus mastoc, évoque comme son titre l’indique l’œuvre des politiques qui éhontément, s’en prennent à notre mère la terre avec toutes les conséquences que ça implique. Qu’ils écoutent, le post-hardcore de Membrane déflorera leurs sinistres actes. L’injustice, Membrane la met à sac et le procédé enfante un putain d’album, combatif et sans faiblesses, qui mord les fesses et aiguise ses riffs.