Cinquième LP d’un trio que je ne présente plus -z’avez qu’à être un tant soit peu avertis-, Broken Allures convie du beau monde et bien évidemment expérimente, au gré de phases dark-jazz/avant-gardistes avec moults pistes à risques. On s’en réjouit, dans ce domaine les trois hommes sont forts. Warszawa, jazzy du ciel, provoque d’emblée l’intrigue. Tones Of Blue And Red, voix chuchotées sur tension retenue, sur le fil, la prolonge et captive de par sa différence. Basse agile et trompette trippante font bon ménage, le voyage est là aussi marquant. Cerbère Passage, sur vocaux enfantins de fond, d’abord, obsède à l’aide de ses motifs et envolées. Outspoken Caress, dub lascif, emprunte un chemin à nouveau « autre », tout aussi hypnotique. Le chant y est songeur, juste après Viva La Hacienda pousse la cadence et imprime une sorte de kraut/indus déjanté. Une nouvelle fois les sons fusent, dans un fouillis renversant. Zadar Melodia, chloroformé, fait à son tout son effet ou plutôt, ses effets. Broken Allures est une dense expérience, mentale, de tout premier ordre.
Sur le second volet Morocco Shanghai, trituré, libère une effluve free. L’éponyme Broken Allures suit, ses gimmicks restent en tête. Coiffeur Pour Vince démarre dub, spatial. Ses textes en Français et chappes acides, fantomatiques itou, ont de quoi fasciner. Christal Venus n’en fait pas moins, jetant là une sphère psychotrope qu’encore, les mots décalent ostensiblement. Sondelimosa, plus rythmé, prend le relais en se parant d’une trame exotique de bon aloi. Les teintes jazz derechef mouchètent le tout, dépaysant et presque joyeux mais néanmoins dément. Enfin Preacher Feature, syncopes flemmardes et chants vindicatifs dans le tiroir, propose une ultime giclée et dans le même temps, couronne une nouvelle création à la hauteur de ses façonneurs, délibérément dédaigneuse de tout format prédécoupé.