Legendary Pink Dots, une légende. Depuis plus de quarante ans, des disques décalés, expérimentaux, mentaux aussi, psyché, et ces terrains de jeu nommés Chemical Playschool qui depuis 1981, illustrent des portes de sortie novatrices, salvatrices aussi. Celle-ci, de ses douze titres génialement hasardeux, fait mouche tout comme les précédentes. Gone to Pieces, dans la douceur « psych » lancinante, la fait décoller sans brusquerie. Il grince gentiment, trippant. Sa fin est psychotrope, l’effet déjà prégnant. Un certain Quentin Rollet (saxophone, percussion) ne tarde pas à s’illustrer, en guest de choix. Tom Hagerman (Violins, Viola, string arrangements, accordion) fera de même, pour l’heure My House joue un jazz fin et joliment chanté. My Basement / The Cult of Affordable Dentists Parts 1 & 2, sur près de dix minutes, alterne quasi-silence et passages soniques que la cadence bouscule. Legendary Pink Dots est libre, il le fait valoir de manière magistrale. Kraut, le morceau embarque son monde. Shout ‘FIRE!’, dub enfumé, groovy et lascif, sans bornes, captive. Les variations sont légion, les chuchotements font perdre la tête. Good Fight enchaine sur une escapade céleste que le chant emporte sur son second volet dans de superbes sphères perchées, possédées, dont on ne descend plus. Idem voire « pire » avec Obscure Object / Blind Faith / Boiling Point / Imposter, soit 16:00 de délire passionnant à la beauté dérangée.
Magic Word, féérie orchestrale, se trouble joliment. The Note reluit de par ses mélodies, sa sombre parure d’éclat. Son climat aussi, atout majeur de la troupe. Wandering Spirits / The Haunted Piano Room le met d’ailleurs en exergue, ouaté puis assombri. The Meal se saccade, spatial, électro, à mille lieues de la terre. Il s’entoure de sons fins, d’une chape d’ombre. Welcome Strangers suit en se répétant, créant l’entêtement. Il impose sa parure, dont s’extraient des voix éparses et secousses irradiantes. Enfin Destination, plongée d’abord bruitiste, après ça plus « posée » mais que des trouées hirsutes parsèment, surgit pour clore un chapitre une fois encore accompli, affranchi de tout ordre, avant So Lonely In Heaven qui dans un tout petit petit mois nous ravira semblablement.