Projet solo du bassiste suisse Sébastien Pittet, Wanu pétrit des paysages où ambient, jazz, expérimentation étirée voisinent. Avec Sébastien Guenot (Drawings, effects), Mathias Durand (Multidiffusion, effects) et Saadet Türköz (Vocals, malheureusement une seule fois et ce, sur le terminal Origine), l’artiste dès In Utero intrigue, déployant un abime de gris d’où percent des flux obscurs. Sur plus de dix minutes les variations, à peine perceptibles, évoluent vers des formes inédites. Puis Mystère, bien nommé, éclaircit l’horizon. La basse fait merveille, claire, alors que le fond se lo-fi. Réduit à l’essentiel, le registre exige. Apparition, dans cette même lenteur ici presque aquatique, fantomatique aussi, angoisse. A sa suite Voie, que l’instrument de Pittet agite de concert avec les créations de ses complices de jeu, charme de par ses notes et textures. La sensation de peur, ici, guette et fait le sel du disque.
©Philippe Montes
Plus loin Ciel, dans ses vagues de tourment, consolide l’identité de Wanu. A force d’écoutes les élans faussement figés de ce Magma restent en nous, logés. Océan de ses ressacs les exacerbe, on s’y échoue au bout de l’immersion. Enregistré live à la Maison des Moines de Romainmôtier, Magma incite, ou pas loin, au recueillement. Il impressionne, peut faire fuir car sans rapport commun avec la norme et dans son entièreté de marge. Au moment où le décrochage pourrait poindre -ou pas- pointe Origine (feat. Saadet Türköz), merveilleux, au chant d’envergure qui m’en fait regretter l’éparsité. Underground, secoué par les rythmes puis bien plus « immobile », ce titre de fin augure je l’espère d’un à venir où la voix s’invitera fréquemment, tout en mettant fin à une création fascinante dès lors que l’on parvient à s’en parer.