Je vous passerai l’historique, ça ferait l’équivalent d’une première chronique. Et puis flemme, ras-le-bol de ces disques sans chant. Ici j’en aurais mis, du taré, du bien perché, histoire de percuter le trio sax-batterie-piano instauré par les trois nommés. Pas le choix toutefois, contraint de m’en priver je me lance et à la deuxième écoute à peine maudis ce truc apparemment soft, jazzy, où quelques pointes percent sans m’apporter la folie voulue. N’empêche qu’à y revenir, le bazar joué par Sakina ABDOU (alto and tenor saxophone), Marta WARELIS (piano) et Toma GOUBAND (drums, stones, leaves) réserve une brouettée d’incartades à se garder en réserve. Roll, sur 09:54, en livre une avant de revenir à la feutrine et là je capte qu’ici, la succession des penchants prévaut et fait le « sel » du rendu. Leaf the Hammer dévie; tour à tour ou de concert, sur l’opus, chacun prend la porte de sortie. Ecouté de nuit, m’est avis que le truc porte ses fruits. Leaf carresse, fait du boucan (et vivement le prochain…Boucan), lâche un tintamarre bancal. Hammer, percussif, couine free et s’échappe. Bordel, j’aurais mis d’la voix j’te jure! Mais même sans, ce foutoir se prend. Roll the Leaf, au delà des dix minutes, se hagarde. C’est dans ses déséquilibres que Hammer, Roll and Leaf trouve sa posture, à deux doigts de me barrer je tente portant de le dompter.
©Hugo Gammella
Sur ma route se profile alors Hammer the Leaf, qui après le serein vire au désordonné savamment agencé. Ah ouais nan ça vaut l’coup, mais faut s’accrocher. Fruit d’une session improvisée de quelques jours, en huit clos chez Sakina (Abdou, pas Karchaoui…) et ponctuée par deux concerts, l’objet se destine aux avertis. Si l’oreille n’est pas éduquée, tu resteras à quai. Roll the Hammer (tant qu’à embrouiller l’auditeur autant le faire jusqu’au bout, c’est plus fun…), tumulte jazzy que les tambours font gronder, précède un Leaf the Roll dont le sax part en couilles et c’est tant mieux. Il n’est d’ailleurs pas seul, c’est à trois que la tangente est empruntée. Hammer the Roll sonne alors la fin, long et changeant. Terminé, allo la terre ici Muzzart nous tentons de redescendre, percutés par ce Hammer, Roll and Leaf que d’aucuns fuiront à toutes jambes et on ne pourra que les comprendre tout en leur enjoignant de faire demi-tour.