C’est par goût du live, dans le but de « vérifier sur pièces » et de voir, encore et encore, de la scène, que je suis ce soir venu. Papooz à la Lune -des Pirates, est-il besoin de le mentionner- trônait, précédé par Albert Newton pour une date « pop prudente » que j’escomptais plus ardente. C’est d’ailleurs à l’écoute d’une réédition de S.Y.P.H., groupe allemand quelque part entre punk, avant-garde et Neue Deutsche Welle, que j’écris ces lignes mais revenons au quai, Bélu évidemment. Après discussion avec l’enthousiaste de service fan de pop plate, sympathique quoiqu’il en soit, Albert Newton fait résonner ses ritournelles pop tantôt synthétiques, tantôt électriques, Somewhere in the dark de la Lune. Le trio s’exécute dans le doux, dans la ouate d’une pop qui ennuierait si ses contours, bien conçus, ne révélaient pas cette teneur. Le manque de nerf me frustre mais reconnaissons-le, la patine est de mise. Une brise de fraicheur poppy balaye la Lune, on a droit là tout de suite à un Hello Black Hole riffant à bloc. Bien joué. On songe, pour le coup, à Tahiti 80 ou encore aux figures de la mouvance que sont les légendaires Beatles. Sans complètement rafler non pas la mise mais MA mise, Albert Newton signe une suite estimable, dans une modestie qu’on saluera.
Albert Newton
Dos broyé je me lève, Papooz ne tardera plus. Androgynement pop, léger, il distille une pop qui de l’aérien au piquant de guitares qui à l’envi s’épicent, instaure insouciance et caresses dans le dos. Là encore les Beatles, Bowie sinon, en termes de parties amicalement « aventureuses », font irruption. Sans me déplaire ce n’est pas, vous l’aurez compris, mon terreau favori mais les élans ça et là séduisent, brillance pop large et guitares flamboyantes aidant. Les claviers eux aussi étayent, de leurs motifs, la collection jouée. Le projet instigué par Ulysse Cottin et Armand Penicaut, solaire, insémine son optimisme. On ne le fuira pas, en ces temps où la ceinture se resserre la sunshine pop un tantinet Beach Boys de Papooz permet un joli pas de côté. Elle folke, s’électrise sans que ça défrise, funke en certains recoins. Je décroche, j’y reviens, j’oscille. Les chants se complètent, tranchés ou allant de pair. Il est de bon ton de reconnaître, évident, le reluisant d’un Papooz qui vit pleinement son art. Sa finesse, brodée de belles idées. A ma gauche le gaillard exulte, de ses invariables « Wouhou ». Il n’est pas le seul, j’applaudis et réajustant l’anorak je prends congé d’une Lune ravie, en proie à deux séances pop qui dans le style concerné s’illustrent.
Papooz
Photos Will Part en Live, auteur de l’article…