Sigulière, Lolomis joue une sorte de transe-world tribale et inclassable, sauvage, insoumise, chantée dans neuf langages. Une grammaire sonore combattante, novatrice à souhait, que ce captivant Carmen 404 décline en quinze pièces d’un rituel à l’instrumentation inédite. Flûte et harpe sont de sortie, déterminantes. Après le saccadé et très bref Nad Pod qui sur des notes jazzy déroutantes amorce le trip, A Fényes Nap fait grésiller une chape entre indus, tons mondiaux et trap massive. Génial. Il va sans dire que l’usage de langues diverses, notable, étend la séduction. Il existe, dans ce titre, une force de frappe qu’un Ifriqiyya Électrique n’aurait pas reniée. Lemmennosto, en flux spatiaux et éthérés qui ensuite s’emballent, ensorcèle « tout pareil ». On en relève, insistants, les petits sons de traverse. Et puis on danse. Tres Sirenas, à la finesse évocatrice, sert une valse de classe aux volutes syncopées. O Vis aeternitatis, que j’entends (merveilleusement) médiéval, remplit les intervalles. Il s’envole, crépite, marie les tendances. Sidrabina se pose alors en sarabande électro-rock addictive, incisive, façon Asian Dub Fondation et évidemment désarçonnant.
Lolomis suinte la créativité, la personnalité. Valo Venyy se dénude, mais sur son second volet secoue le cocotier sans y perdre de sa beauté. Soniquement, le voyage est sans retour. Flüstern le prolonge sur des élans brumeux, une maestria vocale saisissante. HXN, lui, s’électro-ïse tout en se flûtant avec panache. Imparable. Äiti maa calme le jeu, trip-hop habité. On décolle, plus haut encore. Kristallen den Fina joue un vacarme haché et on rend les armes, définitivement conquis. La différence de Lolomis fait, très largement, la différence.
©… Nonique-Desvergnes
Sur la fin Sieluni tanssimaan, house du bout du globe, permet un surplus d’attirance. On adorera, v=2πr-T en dépit de sa durée ne charme pas moins. Enfin Thalassaki, qui excède les huit minutes, sème une trame légère, dans les cieux, qui parachève un Carmen 404 dont la première écoute en fera suivre moults autres, Lolomis gratifiant son auditoire d’un ouvrage qu’il n’aura de cesse de parcourir jusque dans ses moindres recoins.