Chikiss est l’ alias de la musicienne biélorusse basée à Berlin, Galina Ozeran. Qualifié de synthpop dramatique et onirique, écrit entre St Petersbourg, Berlin et Athènes, co-produit par le multi-instrumentiste finlandais Jaakko Eino Kalevi, l’opus exprime par la chanson l’existentiel, le psychologique et le philosophique. Intro l’ouvre sur des voix d’ailleurs, des loopings sonores et un climat intriguant. Ca attire l’oreille, dans le même élan Evil Sky et son chant songeur développe une électro-pop ondulante à l’effet vaporeux/insidieux certain. Ses volutes opèrent, après ça DKN et ses atours dub lunaires, fort de nappes ici aussi envoûtantes, exerce une attirance solide. Le chant y narre, des ruades de tambours le malmènent. Excellent. Nevesta suit, déployant un jazz aérien entièrement accompli. Il s’acidule, vocalise dans le sensuel, dépose sa marque. Je m’y laisse prendre, sachez toutefois que ce n’est qu’à la troisième ou quatrième écoute que Between Time and Laziness a eu le don de m’encercler. Train Schedule, léger quoique « picotant », y a contribué.
Sur la seconde moitié 4:45, typé aussi, par le truchement de ses sons et vocaux, confirme l’accroche. L’opus a de la dégaine, à ses rengaines on se suspend. Between Time and Laziness, éponyme, dépayse. Au vu des voyages de l’artiste, on ne s’en étonne que très peu. Into the Void, alerte et céleste à la fois, exhale ses airs et ses boucles. On s’y laisse prendre, sans rechigner. Don’t be Afraid, sur plus de onze minutes messieurs-dames, décolle et tourbillonne. Le trip est saisissant, des bribes de voix le font chalouper. Superbe. Enfin Forever, dub spatial agrémenté de sonorités hypnotiques, de vocaux du bout des lèvres, termine dans le magnifique un album en tous points réussi, troussé par une artiste à la palette brillamment personnalisée.
©Maxim Green