Fragments de sables émouvants, a film coming in 2025. Voilà les infos, je retiens qu’il s’agit là du second album d’EHb, mené par Emmanuel(le) Hubaut (Les Tétines Noires, LTNo, Dead Sexy, Pest Modern) en tant que projet solo. Du coup ça vaut le coup, on connait le bonhomme qui est aussi bon homme. Ici il délivre du drone noir, angoissant donc « capturant » puisque bousculant les sens, que Abîme d’artifices plonge d’emblée de jeu dans une sphère sans lumière aux flux grondants. On le comprend, l’affaire sera rude. Immersion karstique s’en veut la preuve, drone à peine variable. Tumus et amanites susurre, amenant de l’humain, des rires et mots déments émanant de Julietta La Doll, au beau milieu d’une phase à l’agitation fantomatique. Il faut suivre mais si l’auditeur s’accroche, il vivra un temps hors du temps. Sachez-le bien. Ivresse en eaux céladon se cuivre, apporte lui aussi des « chants » énigmatiques sur fond de sons perchés. Suit une trouée bruitiste nommée Stalactites, où Filomena Nightingale place sa voix alors que les guitares torturent. Celiquat, dans la foulée, instituant une forme de « sérénité » cerclée de grisaille.
Troglomites, indus là encore en nappes flippantes, revient à l’inquiétant. Doline d’Arques-en-cils, réinstaurant Filomena Nightingale, ruisselle sur l’écoutant. Il va de soi que maintes écoutes, dans la perspective de « dompter » cet insondable galette, s’imposeront. Souleur de profundis tire ses balles, son capharnaüm, avant qu’ Exsurgences de ses chapes psychiatriques ne retire tout raison à ces Fragments de sables émouvants sacrément exigeants, émotionnellement dérangeants et c’est tant mieux car ils ne peuvent de ce fait laisser indifférent, bien que délibérément différents. Loy Psolune, de voix mortifères en ressacs malades, accroit un sentiment de malaise dont on pourrait, si l’on insistait, ne plus pouvoir se défaire.
La fin est alors proche; on aimerait pourtant rester, prisonnier de nos Fragments. Amatombe, où le saxophone de Jean-François Kipp poste une touche free-jazz notable couplée à des voix là encore déviantes, semble tituber. A force d’auditions, je le parie, Fragments de sables émouvants déclenchera bien des ressentis. De mon côté c’est déjà le cas, un tantinet cinglé je me tiens prêt à le réenclencher. Banquise, bref mais lui aussi en marge, ferme alors la marche. J’y retourne, soumis à mes étranges désirs, pour m’en draper jusqu’à satiété.
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