Quelques temps après la sortie d’ A Sparkle On The Dark Water, PINHDAR répond à Will Dum…
Quand le projet PINHDAR a t-il commencé, qu’aviez-vous fait avant ?
PINHDAR, c’est Cecilia Miradoli et Max Tarenzi, déjà fondateurs du groupe de rock Nomoredolls avec lequel nous avons publié deux albums et effectué plusieurs tournées aux États-Unis. Nous sommes également les créateurs du festival international A Night Like This.
Notre nouveau projet a vu le jour en 2019 avec un EP éponyme, dont le single Toy a été diffusé sur des radios comme KEXP, ce qui nous a fait remarquer par le critique et biographe anglais Kris Needs. Kris nous a même invités à jouer à Londres lors de la présentation de son livre, nous témoignant ainsi sa confiance et son estime.
Depuis le premier album Parallel (2021) vous avez croisé des gens comme Howie B ou encore James Johnston, de Gallon Drunk. Que vous ont apporté ces rencontres et dans quelles circonstances ont-elles eu lieu ?
En 2020, pendant le confinement, enfermés dans notre home studio à Milan, nous avons enregistré notre premier véritable album, Parallel, imprégné de ce sentiment de claustrophobie qui caractérisait cette période. Nous avons voulu faire sortir l’album des murs de notre studio en envoyant les mixages bruts à des producteurs. Parmi ceux qui nous ont répondu, il y avait Howie B, qui est pour nous une légende. Howie a pris notre matériel et, avec beaucoup de respect, y a ajouté sa touche personnelle à distance, via des échanges de fichiers et de longues vidéo-conférences, souvent très amusantes. C’était notre première rencontre avec un musicien et producteur d’une telle expérience, et nous sommes ravis d’être restés amis. Nous avons pu nous revoir à d’autres occasions.
La rencontre avec James Johnston, célèbre peintre et musicien londonien extraordinaire, est liée à notre deuxième album A Sparkle on the Dark Water. Nous étions en train de l’enregistrer à Bath, avec Bruno Ellingham, et nous avons eu l’occasion de parler avec lui et d’admirer ses magnifiques peintures. Nous avons trouvé une œuvre qui semblait représenter parfaitement le thème de notre album. James nous a offert cette image pour en faire la couverture.
Quel regard portez-vous sur Parallel, qui constitue votre première sortie en tant que PINHDAR ?
Parallel est une sorte d’album concept qui explore les peurs et fragilités humaines, représentées comme des cercles dantesques. Il commence par la peur primordiale de la mort et se termine par un dernier morceau qui, à travers une grande évasion en outro, nous mène vers l’extérieur. Ce n’est pas un hasard si nous jouons ce morceau en live : la lumière qu’il représente a aussi marqué le début de l’album suivant.
C’est la photographie d’un moment historique précis et il faut l’interpréter ainsi, y compris dans sa noirceur. Pour la même raison, nous le voyons comme un album à l’approche musicale minimaliste.
Je vous découvre avec votre deuxième dernier album, A Sparkle On The Dark Water. J’y entends du trip-hop, de la dream-pop, des passages dark-wave et de l’électro vaporeuse. D’où vous vient cette diversité musicale?
C’est exact : nous cherchons un équilibre entre la dark-wave, le progressif psychédélique, les rythmes et la profondeur du trip-hop typique de Bristol. Ce sont les genres que nous avons toujours écoutés et que nous réinterprétons naturellement en produisant nos chansons. Nous les revisitons avec des éléments d’électronique contemporaine et ambient, dans une fusion que nous espérons le plus personnelle possible.
Certains critiques ont décrit notre genre comme « pindarique ». Cela fait écho à notre nom, inspiré du poète lyrique grec Pindare, créateur d’univers parallèles.
Comment l’album a t-il été accueilli par le public et la critique ? Comment l’avez-vous travaillé ?
L’album est sorti en mars 2024 et a reçu un accueil critique fantastique, en Italie comme à l’étranger. Surtout au Royaume-Uni, peut-être aussi grâce au fait que notre label est anglais. Il a d’ailleurs pour nom Fruits de Mer Records.
Côté public, bien que nous restions un groupe indépendant, nous jouons beaucoup en live (nous sommes trois sur scène, avec un batteur) et nous constatons que nous avons une fanbase passionnée et active. Cela se voit aux nombreux messages d’estime, par exemple dans les commentaires sur notre chaîne YouTube, ainsi qu’aux ventes de l’album et du merchandising.
Voyez-vous une évolution particulière entre les deux disques ?
A Sparkle on the Dark Water marque notre évolution depuis Parallel, tant au niveau des textes que du son. Nous nous sommes sentis plus libres de nous exprimer. La voix, bien qu’elle reste centrale, s’intègre désormais dans les arrangements, devenant une partie d’un tout homogène. Nous avons insisté sur la superposition des sons et des rythmes, qui ne sont plus seulement tribaux et percussifs comme dans Parallel, mais orientés vers les pulsations et la profondeur d’un certain trip-hop. Nous avons travaillé longuement sur la programmation de chaque beat et contacté Bruno Ellingham, car nous savions qu’il nous aiderait à obtenir ce son précis.
Bruno, qui a collaboré avec des artistes et groupes qui sont pour nous de véritables références (Massive Attack, New Order et Portishead, entre autres), a travaillé chaque détail pour l’élever à son maximum. Travailler avec lui dans son studio de Bath et découvrir l’environnement musical qu’il fréquente – Everything But The Girl, The Cult, Goldfrapp – a été une expérience unique, enrichie par l’histoire incroyable de la couverture.
De quoi traitez-vous dans vos textes ?
Nous avons identifié des thèmes fondamentaux et urgents pour nous, qui émergent spontanément. Parfois c’est un cri, un appel à l’aide de la part de la planète et de ses habitants, humains ou non. D’autres fois, c’est un regard désabusé sur l’avenir que nous construisons, ou encore une exhortation à ce que l’humain révèle cette part de lui-même capable d’accomplir des choses merveilleuses. Il y a une veine mélancolique et une teinte sombre, mais toujours avec une lueur qui ouvre à l’empathie, à l’espoir et à la positivité.
Vous venez de Milan, en Italie. Est-ce une ville propice au développement de groupes comme le votre ?
Nous sommes nés et avons grandi à Milan, même si notre formation musicale est totalement anglo-saxonne, que ce soit pour les références musicales ou pour les textes en Anglais. Si, par développement d’un groupe, on entend la partie créative, nous aimons notre ville, qui est devenue beaucoup plus riche en stimuli et en événements ces dernières années. Nous le constatons avec plaisir lors de nos concerts, qui sont très suivis, ainsi que dans les autres concerts auxquels nous assistons.
Cependant, peut-être en raison de son statut de capitale de la mode, Milan tend parfois à confiner les initiatives moins tendance dans des niches. En revanche, si l’on parle d’industrie musicale, bien que Milan accueille les grands événements, d’autres villes et régions d’Italie possèdent une scène underground plus dynamique. Milan reste néanmoins une ville ouverte et cosmopolite, où il y aura toujours de la place pour des projets nouveaux et intéressants.