Le nouveau méfait du très international Al-Qasar, déjà fabuleux sur son Who are we?, couple reprises des répertoires occidental et arabe, de Depeche Mode aussi, et d’originaux à la mesure du savoir-faire du projet. Il débute superbement, dans l’envoûtement intégral, au gré d’un Kisisel Isa (Personal Jesus) (feat. Sibel) chanté en Truc, sensuel et rythmé, sur riffs acides et folklore magistral. Desse Barama (feat. Alsarah), chanson d’amour anti-guerre du légendaire compositeur égyptien nubien Hamza El Din. Alsarah, est ensuite reprise dans l’ensorcèlement dub, psych et oriental qu’un rock typé et louvoyant englobe. Magnifique. Le saz serpente, splendide, et fuzze allègrement. Blue Tataouine (feat. Nadah Mahmoud), histoire de parfaire l’entrée en matière, sonne comme un long cheminement désertique, mystique, sans variations poussées puisque ses notes se suffisent à elles-mêmes. Ssir w Ztam (Get Busy) ft. Sami Galbi, d’ailleurs, impose sa dynamique arabian made in Al-Qasar, au delà du dansant chavirant.
Plus loin Promises ft. Mamani Keita & Cheick Tidiane Seck, morceau heavy-psych/afro-futuriste (si si et écoutez-Moi cette régalade!) en Bambara, s’en prend aux dirigeants politiques corrompus qui ne tiennent pas leur parole. Il y a de quoi dire, le discours se tient dans un rock agile et de chants changeants absolument resplendissants, alors que le décor se dispense entre claviers trippants et batterie vivace, entre autres, façonnant un rendu imparable. Al-Qasar, avec ce projet « à côté », risque d’en convertir plus d’un(e). J’en suis, je n’ai guère le choix puisque le morceau se gratifie d’un terme débridé auquel on ne peut censément résister.
Gagné, on poursuit avec Enyio Nkondon (feat. Mamani Keita, Cheick Tidiane Seck), où le Français parle, à la narration captivante. Un titre « &éducatif », dirai-je en bon travailleur social, de par ses mots. On en vient alors, ravi, à la fin de l’ouvrage. Bissaha Tlaqayna (feat. Mariam Hamrouni), inter-continents, d’ornement derechef enthousiasmant, se chargeant d’assurer une issue plus que fréquentable. Al-Qasar, que l’on peut qualifier d’incontournable tant son audace et sa nouveauté l’honorent, signant en l’occurrence une série tout simplement inattaquable.